Suite(s) impériale(s), vide sidéral...
On retrouve Clay une vingtaine d'année après ''Moins que zéro''. Il traine toujours le même vide abyssal dans un Los Angeles pour VIP. On le voit, on le sent faire les choses sans envie, sans exaltation, sans besoin, juste parce qu'il n'a rien d'autre à faire. L'alcool, les drogues, le sexe n'apportent aucune satisfaction visible, ils ne trompent même pas son ennui. Ce sont juste des moyens de tenir. Les fêtes sont nombreuses et sans intérêt, les discussions toujours les mêmes et sans substance.
Clay est devenu scénariste. Pas par envie, non. Juste parce qu'il manquait de talent, ou de constance, pour être écrivain. Il semble d'ailleurs ne jamais vraiment travailler. Où l'on perçoit que le network est plus important que le talent ici. Il connait un plus ou moins grand succès, ce qui lui confère une certaine aura, un certain pouvoir, ou pouvoir présumé. Pouvoir d'intervenir sur les décisions de castings de film, en particulier.
Alors il profite de son pouvoir, laisse miroiter à de jeunes et beaux ''wanabe'' acteurs un rôle potentiel en échange de quelques... faveurs. C'est alors que l'on se rend compte que le pouvoir n'est pas forcément dans les mains de celui qu'on croit. Que les présumées victimes de manipulation ne sont pas celles qu'on croit. On le voit s'enticher d'une ''actrice'' lui ayant permis de ''descendre entre ses cuisses'' pour qu'il glisse un mot au directeur de casting. Ce n'est pas de l'amour qu'il ressent, non, c'est plutôt un besoin. Au moins ressent-il quelque chose, pour une fois.
Et réalise que son besoin n'est pas un besoin de sexe, ni même de profiter de son pouvoir ou de dominer, mais un besoin de ''réel'', d'envie, d'affection, de plaisir réel de la part de sa partenaire. Or cette réalité, ou la croyance en cette réalité est impossible pour la raison même de l'existence de leur relation : il s'agit juste d'un échange de bon procédés, entre un actrice/serveuse/escort et un scénariste à succès. Toute autre croyance, toute autre relation semble impossible.
Le récit tourne alors au polar noir, entre magouilles et filatures, messages mystérieux et meurtre sordide. On a le sentiment que tout le monde sait ce qu'il se passe, sauf lui. Un nouveau sentiment s'impose à lui: la peur.