Le p'tit noir au comptoir
Il est des breuvages qui méritent du temps.
Qu'on tourne en bouche avant de les avaler, qu'on aura senti avant, qu'on prendra du temps à déguster.
C'est souvent très agréable.
Mais il existe aussi le plaisir de l'expresso, pris au comptoir à même le zinc. Sans fioriture, avalé en 3 gorgées mais au goût profond.
La lecture de Sukran fait un peu le même effet que cette expresso.
On commence sa lecture par réflexe, parce qu'il faut bien prendre un café après manger, puis on lui trouve une saveur très plaisante.
2 gorgées plus tard, il est finit sans qu'on s'en soit rendu compte et on s'en taperait bien un deuxième. Mais ce serait trahir le premier.
Sukran, c'est de la science fiction, mais aussi du thriller. Enfin, c'est surtout des personnages qui ont l'air vrai et caricaturaux à la fois.
Ni héros, ni mauvais, le Roland dont Andrevon conte l'histoire est porté par les évènements; géopolitiques; comme il le dit lui-même.
De temps en temps, il essaie d'infléchir les choses, mais pas trop.
Il suit, souvent.
Autour de lui, de méchants industriels de Marseille font des expériences pas très jolis sur des arabes, pour influencer la politique et permettre le retour de l'extrême droite à la tête du pays. Ce n'est pas bien mais Roland s'en fout un peu.
Sauf qu'il y a une fille, puis plusieurs. Puis une dernière qu'il aimerait voir vivre dans un monde meilleur. Alors il décide que peut être ça vaut le coup de bouger son derche.
Ses envies engendreront-elles l'action ? Vous le saurez bien assez vite, tellement la lecture des pages s'égrènent rapidement, sans que l'on s'en rende compte.
Et puis sonnera 4h du matin et vous tournerez la dernière page, un peu déçu de laisser tous ces gens à leur sort.
Mais au moins aurez vous passé un bon moment avec votre petit noir au comptoir.