Summer, dix-neuf ans, disparaît lors d'un pique-nique avec sa famille. Elle laisse un vide autour d'elle. Tout ce qu'il reste d'elle sont des souvenirs. Son short en jean, ses longues jambes fines, son haut blanc... Elle laisse son frère seul, vidé de toutes émotions. Lui qui l'adorait, comme tout le monde d'ailleurs. Elle le laisse démuni, sans les armes pour affronter la vie désormais. Elle est partie et lui ne pourra jamais refaire sa vie.
La force du livre est d'arriver à montrer comment l'absence de quelqu'un devient plus "vivante" que ceux qui restent. Comment les secrets de famille ont toujours des répercussions. Avec des descriptions saisissantes, Monica Sabolo arrive à créer une atmosphère particulière. Elle décortique les sensations ressenties par Benjamin, le narrateur et pourtant pas vraiment personnage principal. Qui vit enfermé dans sa tête et privé de tout. Elle prend beaucoup de soin à détailler ses rêves, qui prennent une grande place dans l'histoire. Les couleurs de l'eau du lac Léman, les vêtements de Summer qui flottent dans l'eau... On voit qu'elle accorde beaucoup d'importance au travail d'écriture.
Il y a plusieurs retournements de situations, auxquels on peut s'attendre. Mais l'aspect le plus poussé est celui du décorticage des relations, et l'incroyable voyage réalisé à travers la mémoire de Benjamin. C'est aussi une narration très introspective, qui peut rebuter, car va au fond des choses. Benjamin, à force de faire un travail sur lui-même, va finir par se remémorer. Et prendre conscience de ce qu'il ne voyait pas. De ce que tout le monde a essayé de lui dire, sans y parvenir.
Pour finir, pourquoi pas terminer sur des vers magnifiques de Paul Eluard, qui, je trouve, correspondent parfaitement avec l'histoire de Benjamin et le drame de cette famille.
"Je te cherche par delà l'attente,
Par delà moi-même,
Et je ne sais plus tant je t'aime,
Lequel de nous deux est absent."