Après Nuuk, voici donc le nouvel épisode de la saga groenlandaise de Mo Malø, un écrivain français ayant pris un patronyme scandinave pour… sans doute être plus crédible quand il nous parle de la culture Inuit et de la vie au Groenland. Et notre verdict sera le même : si la partie policière de l’intrigue prête le flanc à de nombreuses critiques, tout le récit de la traversée de l’Inlandsis à traineau, et de la lutte pour leur survie des protagonistes, est absolument exceptionnelle, et justifie pleinement la lecture de Summit.
Ce que nous raconte donc Summit, c’est la suite des aventures de l’inspecteur Qaanaaq Andriensen, le héros de la série, toujours déchiré entre son amour pour sa femme, une Inuit, et son métier de flic, qui exige de lui (on connaît la chanson…) une disponibilité totale… Comme il est déchiré entre le Danemark, le pays où il a été élevé par ses parents adoptifs, et le Groenland, où il est né et où il est retourné comme responsable de la police locale. Pour ne rien arranger, Qaanaq est constamment soumis à la pression d’un chef particulièrement vindicatif, la Fourmi, qui semble décidé à se débarrasser de lui par tous les moyens, y compris les moins honnêtes. Et justement, l’organisation au Groenland d’un séminaire (d’un « sommet ») réunissant les têtes de la police scandinave afin de créer un esprit d’équipe entre eux, va mettre la carrière, et même la vie de Qaanaaq et de son épouse en danger. Car les exercices de « survie » en milieu hostile organisés à cet effet vont devenir plus que de simples exercices…
Summit, c’est aussi et avant tout le nom de la base de recherche scientifique américaine, située en plein cœur de la calotte polaire, un lieu improbable où la technologie et les moyens des USA se confrontent à la rigueur extrême du climat polaire. C’est là que l’histoire trouvera sa quasi-conclusion, après un enchaînement de péripéties haletantes, avec des attaques d’ours blancs déroutés par le changement climatique, et des attaques humaines beaucoup plus perverses et presque aussi meurtrières.
Même si l’on peine à admettre la véracité de cet exercice de team building extrême dans lequel vont s’inviter de dangereux bikers criminels (genre Sons of Anarchy scandinaves réunis), si le roman s’appuie sur plusieurs péripéties peu crédibles, jusqu’à son final qui rebat les cartes de la relation entre Qaanaaq et la Fourmi, mais aussi les rapports entre le flic perturbé et son passé d’enfant adopté, il faut bien reconnaître que ces réserves ne font pas le poids devant le plaisir que l’on ressent à partir à la découverte de la partie la plus extrême de cette île continent qu’est le Groenland.
Et pour ces sensations-là, on suivra Mo Malø jusqu’au bout de la piste des traineaux.
[Critique écrite en 2022]
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