Si proche et si lointaine ! Aussi vrai qu’inventée ! Une île, à quelques encablures du continent, mais singulière, séparée par la mer qui la cerne, et qui prodigue la ressource autant qu’elle menace de mort ceux qui s’y aventurent.
L’idée d’une autre vie avec le risque d’y laisser son âme hante Manod, jeune fille que son père voudrait marier, mais dont l’esprit s’envole si souvent de l’autre côté, vers ce continent que l’on aperçoit comme un mirage.
C’est le continent qui va s’incarner pour elle avec ce couple d’universitaires venus étudier les moeurs des iliens. Manon y contribue grâce à sa connaissance de la langue anglaise. Alors qu’une baleine échouée se décompose peu à peu, l’île semble elle aussi perdre peu à peu son identité, proie de quelques nantis qui en délogeraient volontiers les habitants pour d’autres projets plus lucratifs.
Le rythme lent de la vie monotone, la tentation d’un ailleurs idéalisé, la vitalité d’une jeune femme à la fois bridée dans ses espoirs mais consciente malgré tout d’une forme de bonheur simple qu’il ne faudrait pas perdre au profit de chimères, donnent une force à ce texte qui restitue bien la spécificité de la vie insulaire.
Une belle écriture, de personnages forts, une lecture agréable .