Hors du temps et de la réalité

Fred Vargas fait du Fred Vargas, du moins pour ce qui concerne ses romans policiers. Et il y a peu de chances pour que cela change un jour. Donc, une lecture un peu répétitive pour moi, avec une impression de déjà vu à chaque page, pour ne pas dire à chaque ligne. Au point que j'ai failli laisser tomber au tiers du bouquin. Et puis, je me suis un peu acharné et la magie de ses énigmes tarabiscotées a fini par opérer, pour finalement aboutir à une lecture à peu près aussi atypique que le personnage d'Adamsberg : un premier tiers de bouquin lu péniblement au cours de la seconde quinzaine de juillet, une pause de 20 jours (dans des circonstances estivales qui ne se prêtaient guère à la lecture) et puis finalement, la fin du livre tombée en 3 jours chrono (dans des circonstances estivales il est vrai plus propices).

Bon, ça toujours été décalé, Fred Vargas. Et, les années passant, ça le devient de plus en plus : une mise en scène toujours onirique de la police française, respectueuse dans le bouquin des lois et des citoyens (avec tout de même quelques piques glissées ça et là contre les hauts fonctionnaires du ministère). La sympathique équipe d'Adamsberg ne pratique ni le LBD, ni la garde à vue abusive, et pire, ils sont astucieux et bienveillants et paraissent sortis tout droit d'un roman policier des années 30. Le plus caricatural étant sans doute l'histoire du CRS qui rêve d'acquérir un âne, mais n'ose en parler à son épouse...

D'autre part, le bouquin se déroule en Bretagne et en renvoie une vision quelque peu décalée et sans nul doute très parisienne. Je passe sur Chateaubriand, mais la description des personnages locaux est parfois grotesque (en ligne directe des années 30, elle aussi), sans parler de leurs patronymes, issus en partie de ceux de sportifs bretons plus ou moins connus (Robic, Le Roux, Le Tallec). Sur ce registre, je pourrais également mentionner les nombreux tournées de chouchen - dispensées généreusement par un aubergiste très accueillant - qui ouvrent ou ponctuent les réunions de l'équipe des enquêteurs. Bonjour le folklore !

Tout ça reste quand même plutôt sympathique, est de plus en plus truffé d'allusions aux crises environnemental, et l'énigme policière est bien fichue et construite sur des circonstances comme toujours à la limite du probable. Mais serais-je enclin à lire le prochain ?