Les voyages, les potes, la vie quoi.
Un roman écrit d'une traite...cela peut déjà donner quelques pistes sur le style sans même avoir lu une seule page: aura-t-on droit à une bouillie de phrases mal construites? A une prose se reposant sur une géniale spontanéité? On peut répondre sans risque un grand "oui" à la seconde question et un petit à la première...
En effet, c'est la spontanéité qui pour moi résumerait le mieux cette oeuvre fondatrice de la "beat generation". Il n'y a pas de chichi inutile, on va à l'essentiel, toujours à l'essentiel. En fait tout ce qui est écrit semble important de la première à la dernière page. Le revers de la médaille sera bien sur une densité de temps en temps difficile à avaler et quelques tournures étranges, mais qu'importe. L'auteur nous emmène avec lui et avec une réelle candeur (mais non une naïveté) dans un irrésistible tourbillon dont on a qu'une seule envie: qu'il continue à tourner et si possible de plus en plus vite.
Ce livre est un hymne à la liberté, un hymne à l'amour et à l'amitié, un hymne aux voyages et à la jeunesse, déclamé par des êtres voulant tout attraper en vol, voulant tout ressentir, tout expérimenter, le bon comme le mauvais. Le cri d'une génération dont le puritanisme américain des années 1940/50 laisse de glace. C'est aussi une déclaration d'amour au continent nord-américain et à ses grands espaces, à la vie de bohème et au sexe. Il s'agit de thèmes certes banals de nos jours mais qui n'étaient encore que très rarement abordés à l'époque de la création du roman. Et puis banals peut-être, mais dans le bon sens du terme. Je veux dire par là qu'on touche à l'intemporalité tant "Sur la route" résonne encore de nos jours avec toute sa force et toute sa puissance.