[ J'ai décidé d'écrire cette critique en un jet pour ne pas rester paralyser face à la difficulté d'écrire sur Kerouac. Et aussi parce que c'est assez fidèle à son style littéraire]
Kerouac a toujours eu une grande influence sur moi. Je l'ai découvert adolescent, je voulais un livre qui me permette de m'évader du quotidien morne que je me devais de suivre. Bref, comme tout ado qui vit véritablement son adolescence, j'étais un rebelle, anti-société et j'en passe des plus belles.
Cette pensée de se réaliser à travers un voyage, masqué sous l'intention de trouver des réponses à quelques questions existentiels, m'était d'abord parvenu par Into The Wild, monument du genre qui avait évidemment créer un petit bouleversement pour un jeune qui ne connaît encore rien à la vie mais pour autant prétend être sur la bonne voie.
Lire Sur La Route fut une expérience unique dans ma vie, rarement j'ai autant vécu,vibré à la lecture d'un récit. J'ai toujours adoré le style littéraire de Kerouac, cette écriture instantané, imparfaite, profonde, anecdotique, à la manière d'un Malick qui essaye de rendre la forme fidèle aux sensations réelles que procure la vie, Kerouac décrivait exhaustivement la richesse et la beauté qu'y se devait d'être découvert dans cette expérience qu'on ne peut vivre qu'une fois.
C'est comme si il atteignait la substance même de l'exaltation possible pour un être humain, et quand un ado lit et vit de telles choses, les choses changent, finit le regard désabusé face à l'existence engrangé depuis des années au milieu de la solitude et de ses pensées trop nombreuses, maintenant il est temps de rêver et de refaire le monde ! Mais le plus beau dans tout ça, c'est qu'à ce moment tu ne considères pas ça comme un rêve mais comme un accomplissement à venir que tu te dois de réaliser.
Mais pourtant une chose s'interfère dans cette quête au voyage et à la vérité, L'action. Celle-ci n'arrive jamais, le monde a bien changé depuis les années 40, aujourd'hui chacun s'attache à son confort et découvrir la vie en lachant totalement prise sur toutes ses certitudes et ses bien matérielles devient une utopie qu'on ne sait même pas si on la veut réellement.
Un faussé énorme se crée entre le monde vécu dans le livre et le monde du 21e siècle.
L'illusion salvatrice rêvé devient une désillusion de plus.
A défaut alors, l'ado se contente de découvrir tous les bouquins de Kerouac et découvre qu'en fait loin du rêve américain, et de la liberté folle que vécu Kerouac dans sa vie, sa vie se résume en une énorme tragédie.
Avec Big Sur, Kerouac te déprime jusqu'au plus profond de ton être, balayant ton idéal fantasmé à travers ses lectures, puisque même l’intéressé finira sa vie dans le désespoir, la solitude, l'alcool, les regrets, et le rejet de tout l'intérêt qu'il créa avec son œuvre.
Un véritable ange déchu.
Celui-ci se senti parfaitement étranger à l'intérêt nouveau de la jeunesse américaine pour l'aventure, avec la Beat Generation et par la suite le mouvement Hippie. Il n'y croyait plus, désenchanté par son propre rêve, il rejoignit les intellectuels désabusés, nihilistes alors que pourtant son combat était de contrer cette pensée.
C'est triste quand t’assiste à tout ça, tu te dis « Ah bah merde alors, en fait, vaut mieux peut être pas y croire »
Mais en même temps, comme toutes tragédies, elle renferme une beauté unique qui se rapproche plus de la vie que cette exaltation digne d'un drogué qui ne peut désormais plus se suffire de son état naturel, sobre. Là on parle sérieux, on rentre vraiment dans le cœur de la matrice et on se rend compte que ce monde est gouverné par 2 forces qui cohabitent entres elles et que jamais une aura le dessus de l'autre, même si chacun y rêve secrètement.
Et c'est un peu comme ça que Kerouac devint mon auteur préféré, parce que je le connais, et j'ai une une confiance aveugle sur l'honnêteté de ses écrits, il s'est toujours mis à nu, il a conté sa vie dans son entierté, il a fait de sa vie son œuvre, et fidèlement il a retranscrit du mieux qu'il pouvait, l'expérience humaine de son point de vu, qu'il fit jusqu'à ses derniers jours.
Entre passion, alcoolisme, désespoir, foi, art, aventure, solitude, philosophie, drogue, amour, spiritualisme, voilà une poignée de caractéristiques que renferme l’œuvre de Kerouac.