Pris uniquement comme un essai philosophique, étant avant tout une oeuvre de jeunesse, on peut être rapidement déçu par une pensée sans doute trop peu mature encore philosophiquement, trop jeune. Malgré tout, reste un premier bouquin très puissant, très évocateur, Cioran prouve qu'avant d'être philosophe il est aussi écrivain, capable de gratter jusqu'au fond de l'âme du lecteur. Une chose particulièrement frappante malgré tout, qui fait que j'y reviens encore régulièrement, c'est le rapport au corps, et finalement ce qui rend le pessimisme Cioranesque si marquant: cette souffrance qui colle à la peau, couplée à une imagerie infernale et pourtant si vivante.
Une bonne lecture finalement, qui ne requiert pas forcément d'être un amateur de philosophie. Cioran n'est pas là pour ériger de grands systèmes mais pour nous accompagner sur un terrain apocalyptique, au milieu de visions torturées, parmi des corps mutilés.