Trois textes qui ont le brillant d’une conversation spirituelle, propres à charmer les lecteurs de La Correspondance littéraire de Grimm, mais qui ne vont pas beaucoup au-delà. Surtout, on peut regretter que l’édition, pauvre en notes d’ailleurs, les présente comme « un hommage vibrant aux femmes, un plaidoyer enlevé en faveur de leur émancipation » : c’est maquiller, pour fins de marketing, en œuvres féministes des textes pourtant marqués par la misogynie !

Ainsi, « Sur les femmes » est certes un éloge des femmes, et Diderot parle de façon saisissante du mariage forcé et de l’intimité qui leur est imposée (« J’ai vu une femme honnête frissonner d’horreur à l’approche de son époux ») ; mais cet éloge repose beaucoup sur le charme des femmes, qui sont donc cantonnés au rôle d’objets du désir masculin plutôt que d’être considérées comme sujets autonomes. Mais surtout, selon Diderot, les femmes ne sont pas des êtres guidés par leur raison, mais par leur passion, et même par… leur utérus ! « La femme porte au-dedans d’elle-même un organe susceptible de spasmes terribles, disposant d’elle, et suscitant dans son imagination des fantômes de toute espèce. » Où est le féminisme ?

« Mystification » est une pochade, qui ressemble beaucoup à une petite pièce de théâtre, mais elle finit de façon si précipitée que l’on ne sait qu’en penser. Par contre, elle montre combien les femmes sont faciles à berner.

Enfin, « Madame de La Carlière » est le récit le plus intéressant. Il parle d’adultère, mais surtout de la façon précipitée et souvent erronée dont se forme l’opinion générale de quelqu’un. Et si le portrait de Mme de La Carlière est complexe et intéressant, le narrateur ne manque pas de souligner que son refus intransigeant de l’adultère est la cause du malheur injuste du mari un peu trop volage (on retrouve la même critique du mariage monogame dans Supplément au Voyage de Bougainville).


Bref, une célébration plaisante des femmes qui ne se départit jamais d’un regard masculin.


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le 29 nov. 2022

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