Dans le cadre de mes réflexions sur cette série.
Titre : Sur les traces de l’étalon noir
Auteur : Walter Farley
Nationalité : USA
Titre original : The blood bay colt
Année de publication US : 1950
Année de publication France (Hachette) : 1969
Edition :
Ouvrage d'étude utilisé : Edition bibliothèque verte Hachette illustré par Raoul Auger à couverture cartonnée. Dépôt légal 2° trimestre 1971. La traduction est de Jean Muray.
Source :
Articles Wikipédia consacré à W. Farley
Commentaires :
Le roman semble marquer une première inflexion dans le déroulement de la série, hormis sa présence dans le titre, justifié par le fait que l’étalon Black est le père du poulain Feu de joie, l’étalon noir est totalement absent du récit de même que les personnages récurent de la saga comme le jockey Alec Ramsay et l’entraîneur Henry Dailey qui ne font l’objet d’aucune mention, les rôles principaux du récit étant tenus par le vieil entraineur-drivers Jimmy Crench, son lad Georges et le jeune Tom Messenger.
L’évolution d’une saga :
Psychologiquement ce changement marque une évolution du discours de la saga le récit n’étant plus centré sur un héros adolescent de type enfant trouvé entretenant un lien fusionnel avec son cheval, mais sur un petit groupe ressemblant à une cellule familiale.
Le groupe formé par le trio correspond à une famille de type choisie. S’il est fait mention du fait que le jeune Tom habite chez ses parents ceux ci sont totalement absent de l’histoire ses parents ne manifestent pas leur présence à aucuns moments.
Le rôle des parents biologiques dans leur dimension de contrainte structurante semble être tenu par l’oncle et la tante du jeune Tom
La famille de choix constituer autours du poulain Feu de joie exclut le féminin de son sein le poulain est un mâle, Jimmy et Georges sont célibataire et le jeune Tom ne paraît pas avoir de petite amie.
Le féminin est cependant présent à plusieurs reprises.
- Le récit débute avec la mère du poulain Rosy Queen encore enceinte.
- La ferme de la famille de Tom est tenue par son oncle et sa tante Martha.
- Les écuries qui héberge le poulain sont la propriété d’une vieille fille Miss Elsie qui elle aussi entraîne des trotteurs.
- Malade le vieil entraîneur est soigné par une infirmière Mme Davis.
Le féminin est cependant soigneusement tenu à distance.
- Jimmy a toujours refuser l’aide de Miss Elsie.
- La tante Martha se confine dans des taches ménagères et ne s’intéresse pas aux courses de chevaux contrairement au vieil oncle qui se prend de passion. Quand elle se rend à la foire de Reading où se déroule une réunion de course, c’est pour participer au concours de tartes.
L’élément féminin apparaît comme strictement désexualisé et s’envisage comme une mère avant tout.
- La tante Martha est une femme d’age mûr on ignore si elle a eu des enfants et se consacre à des taches traditionnellement féminines de gardienne du foyer. Elle apparaît comme une mère de substitution pour le jeune Tom. Elle est présentée comme une femme revêche.
- Miss Elsie est présentée comme une vielle fille fortement masculinisée, elle drive elle même sa pouliche en course et conduit sa jeep.
- L’infirmière Mme Davis qui s’installe chez Jimmy durant sa maladie et qui reste ensuite chez lui est présenté comme une femme déjà âgée. On ne peut déterminer si le titre de ‘’Mme’’ qui précède sont nom est du au fait qu’elle est une femme mûre ou si elle a été mariée.
P. 129 :
« Il s’agissait d’une femme d’un certain âge, aux cheveux grisonnants, nommée Mme Davis, qui se montra tout de suite d’un dévouement parfait. »
Il apparaît que le personnage de Mme Davis relève du modèle de femme de type bonne du curé, une femme dont l’apparence exclue toute sensualité et dont l’âge suggère qu’elle est ménopausée.
- La jument Rosy Queen voit son rôle terminer après la naissance du poulain.
L’image de la mère.
De part son age et sa masculinité affichée qui l’éloigne de l’image sensuel de la femme désirée Miss Elsie apparaît comme une figure de mère potentiel pour le trio. Elle est en effet liée au trio par son amitié pour Jimmy, elle dit d’ailleurs plusieurs fois au cours du récit qu’elle ferait tout ce qu’elle peut pour lui.
Le féminin et le masculin sont cependant encore très strictement séparés à l’image du fait que le trio masculin (Jimmy, Georges, Tom) élève et entraîne un poulain mâle tandis que Miss Elsie fait de même de son coté avec une pouliche issue de son élevage. Contrairement à l’épisode suivant de la saga (« L’empreinte de l’étalon noir ») qui voit sur un mode mineur se développer en miroir deux associations humain / cheval sur un mode inversé (le propriétaire entraîneur Henry Dailey et sa pouliche Black Pearl s’opposant au couple Miss Parshall / Wintertime).
C’est finalement le lad Georges qui au sein de la ‘’famille Feu de joie’’ fait office de femme en accomplissant des tâches s’assimilant à des fonctions ménagères, comme celle de brûler de vieilles caisses après avoir fait le ménage. C’est lui aussi qui supporte sans broncher la mauvaise humeur de Jimmy auquel il impose cependant de d’aller, le moment venu, voir un spécialiste de l’estomac.
Les réflexions de Jimmy à l’égard de Georges révèlent un fonctionnement de type couple unissant les deux hommes.
Page 90, une réflexion résonne comme une déclaration d’amour.
« George allume toujours ses feux de joie à bonne distance des écuries et de la piste, murmura Jimmy. Un homme prudent, ce George. Et pour moi, quel ami ! »
L’échange entre Jimmy et George pages 66-67 révèle de manière transparente le fonctionnement d’un vieux couple.
Le soupçon d’homosexualité que suggère une telle situation renforcer par le fait que Jimmy a toujours refuser les avances de Miss Elsie se trouve écarté par la constitution d’un trio. Aussi lorsque Jimmy malade hospitalisé se trouve exclue du trio c’est finalement l’oncle de Tom qui symboliquement prend sa place en accompagnant Tom et Georges dans une course nocturne effaçant par sa présence paternelle incontestable tout soupçon de pédérastie.
Condamnation de l’homosexualité.
Le fait qu’au cours de sa maladie Jimmy se trouve placé, par le Docteur Morton en position d’autorité éminente incontestable (il est non seulement médecin mais spécialiste) sous la tutelle de Mme Davis apparaît symboliquement comme l’introduction d’un élément féminin brisant le lien homosexuel fantasmé liant Georges et Jimmy.
Le fait que Mme Davis demeure au service de Jimmy après sa guérison suggère que celle ci constitue le remède de la guérison de Jimmy. La maladie d’estomac dont est affecté le vieil entraîneur peut se lire comme la condamnation de sont lien homosexuel avec son lad.