Surface
7.6
Surface

livre de Olivier Norek (2019)

La chronique qui prend un grand bol d’air !


  • Olivier Norek nous revient pour un cinquième roman mes amis !

  • Ah... mais on le connaît le Norek avec ses flics mâles rugueux et ses loulous de banlieues. T’as rien de neuf ?

  • Si justement, j’ai le cinquième roman d’Olivier Norek !

  • ...

  • Le gars, il a mis ses couilles sur la table en renouvelant complètement son univers de fiction et son cadre. Une sacrée prise de risque loin de ses précédents romans et de la routine thrilleresque habituelle.


Alors quand je vous parle de couilles, c’est une façon de parler puisque pour la première fois son personnage principal est une femme. Qui ne manque pas de couilles non plus, par ailleurs. Décidément on n’en sort pas...


STOP ! JE RECOMMENCE !


« Surface » a un charme fou. Pétri de bonnes idées, il vous fait de l’œil dès son ouverture percutante. Le bouquin met en scène Noémie Chastain, capitaine de la PJ parisienne, qui après avoir pris une balle en plein visage lors d’une descente de police se retrouve défigurée. Mise sur la touche par sa hiérarchie, elle se retrouve parachutée dans un village en apparence paisible de l’Aveyron mais qui se révèle finalement nimbé de mystères. Comme pour célébrer sa venue (sic), le lac d’Avalone recrache le cadavre d’un enfant disparu 25 ans plus tôt… Un cold case et un clin d’œil à la fascinante Lily Rush de la série TV du même nom.


Loin de ses polars urbains, Olivier Norek va là où on ne l’attend pas : sur les terres du thriller rural, réminiscences d’une partie de sa jeunesse passée en Aveyron. Et c’est là que le charme opère tant il y glisse de l’âme et de l’humanité, le souffle de souvenirs heureux. A cela s’ajoute la part de nonchalance et d’étrangetés qu’un tel endroit peut engendrer. Une ambiance exceptionnelle que Norek nous distille avec générosité.


Puisqu’on évoque l’ambiance, « Surface » nous engloutit dans un mélange de tendresse et de violence. Tendresse d’un auteur envers son personnage fissuré et cabossé par la vie, et violence des situations et des sentiments contradictoires qu’éprouve Noémie suite à son état - violence qui la ronge et la rend incontrôlable. Norek va creuser dans l’os de son héroïne pour y extraire un suc émotionnel dont il va nourrir ses lecteurs.
Une immersion en eaux troubles au sens propre et au sens figuré. Car vous l’avez compris, le lac d’Avalone cache sa part d’ombres et de secrets. Que ce soit en surface ou justement sous la surface.
L’autre bonne idée du roman est justement l’utilisation de la brigade fluviale que l’auteur intègre pleinement à la mécanique de l’intrigue. Leurs interactions sont magistralement écrites et décrites. Tant et si bien qu’on se retrouve plongé au cœur de leurs actions d’un réalisme confondant.


D’ailleurs « Surface » délivre de sacrés chocs émotionnels. L’ouverture du premier chapitre, celui voit Noémie se faire défigurer est contée de manière clinique, limite journalistique, vous met mal à l’aise et vous saute en pleine gueule. C’est précis, concis, mené à un tempo d’enfer ; l’autre scène tendue est justement la description d’une plongée dans le lac dont l’inexorabilité va faire bouillir votre sang et accélérer les battements de votre cœur.
Rien que ces deux scènes justifieraient à elles-seules l’achat du bouquin pour leurs vertus adrénalisantes (cherchez pas dans le dico, ce mot n’existe pas mais pourtant c’est exactement ce que vous ressentirez !).


Vous l’avez compris, ce bouquin est d’une grande richesse. Cette chronique n’a effleuré que la surface de ce livre tant moult surprises vous y attendent. Sans parler du soin apporté à dépeindre des personnages crédibles, consistants et diablement attachants.
Seul regret : on s’y sent si bien à Avalone qu’on aurait souhaité s’y attarder beaucoup plus longtemps. Dis Olivier, tu nous fais quand la suite ?


Le thriller rural vu par Norek, c’est tout un nouveau monde qui s’ouvre à vous et ça fait du bien !


Plus de chroniques sur https://cestcontagieux.com/

David_Smadja
8
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Créée

le 17 juil. 2019

Critique lue 515 fois

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David Smadja

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