ll n'y a pas de honte à trouver son plaisir en série(s) : dans Game of Thrones, pour certains, dans La diaspora des Desrosiers, pour les amoureux de littérature. Depuis 2007, chaque année, Michel Tremblay nous transporte dans le Québec de la première moitié du XXe siècle à travers une saga familiale pleine de rires et de douleurs (ce qui vaut largement le bruit et la fureur) avec une verve qui n'appartient qu'à lui, dans un style jubilatoire et irrésistible que permet le joual, ce français populaire si haut en couleurs parlé dans la Belle Province. « Chus tannée ! M'entends-tu ? Chus tannée ! J'en ai assez ! De toute ! Pas juste de toé ! De moé, aussi ! Du maudit appartement ! De la maudite job de concierge ! T'es juste un paresseux, Télesphore ! T'es pas un poète, t'es pas un rêveur, t'es un sans-coeur ! » Dans Survivre ! Survivre !, 8e épisode de la série, l'on retrouve des personnages devenus familiers (un peu trop nombreux, peut-être) dont Ti-Lou, guidoune défraîchie et sentimentale qui malgré sa jambe de bois achète chaque mois une paire de souliers kitsch ; ou encore Edouard, qui se rêve en Duchesse de Langeais et n'ose encore se travestir en femme. Et puis Tititte, Josaphat, Fleurette, Maria, Tina, Victoire, autant de caractères qui dans le Montréal de septembre 1935 survivent en grappillant quelques instants de bonheur ou, à défaut, essaient d'oublier leurs malheurs. Le mélange de mélancolie, extravagance et souffrances fait tout le sel de ce nouveau roman du maestro québecois. En attendant l'opus prochain, programmé pour pile dans un an : La traversée du malheur. Chus déjà impatient, moé ! M'entends-tu ? Impatient !

Cinephile-doux
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le 5 janv. 2017

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