Tais toi je t'en prie par Psmith
Je me suis lancé dans ce recueil de nouvelles de Carver, sans vraiment connaître le style ou le genre de l'auteur. Il m’a fallut attendre une bonne partie du recueil pour comprendre et apprécier cette narration de l’ordinaire, remplie de personnages ordinaires constituant l’américain moyen. On retrouve généralement ces personnages dans des situations banales, mais qui constituent des événements marquants de leur vie de tous les jours.
Au début j’attendais, à chaque fois un retournement de situation exceptionnel, une fin soudainement violente, choquante, mais il n’y rien de tout ça dans l’écriture de Carver. Ici on retrouve une monotonie bouleversée par un évènement de plus ou moins grande importance, les choses finissent par retrouver leur place d’elles-mêmes. On observe des voisins qui jouent les voyeurs, un postier qui s’interroge sur une famille, un couple en pleine banqueroute, des jeunes tourtereaux défoncés, un mari qui souhaite que l’on désire sa femme…Toutes ses situations n’ont rien de fantastique, mais Carver nous les dépeint avec une écriture fine et réaliste, décrivant des paysages, des rues, des pièces avec un talent fou, qui nous aide parfaitement à l’imaginer. D’ailleurs je ne sais pas si c’est juste à cause de l’édition ou si les descriptions de Carver m’y font vraiment pensé, mais je n’ai cessé de voir des tableaux de Hopper à divers endroits dans l’œuvre. A la fin on jurait avoir fait le tour des Etats-Unis passant de famille en famille, observant leurs vies, leurs échecs, leurs peurs…On ressort de Tais-toi, je t’en prie tel un voyageur fatigué, ayant observé la vie sous ses formes les plus diverses….