Chez Andrzej Stasiuk, la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Plutôt une rivière agitée de remous. Comment pourrait-il en être autrement dans cette "arrière-cour" de l'Europe, qu'il décrit dans Taksim, aux confins de la Slovaquie et de la Pologne, jusqu'à la Hongrie, la Roumanie ("Draculand") et la frontière ukrainienne ? Pawel et Wladek, deux hommes et une camionnette, fripiers et aventuriers ruraux, vendent leur camelote dans les villages les plus isolés. Du commerce, illégal ou pas, là n'est pas la question. Le livre est rempli de moments de bravoure, de pannes de véhicule, de cuites carabinées, de bagarres dignes d'un western (eastern ?). Il y a même une petite histoire d'amour, pas très romantique, et des trucs pas catholiques, genre passage de clandestins vers l'ouest. Le récit de Stasiuk n'est pas linéaire, il fait des embardées, les périodes se télescopent, les lieux deviennent flous. On est parfois un peu perdu, il faut l'admettre. Ce chaos est-européen a le goût d'un carpaccio des Carpates et semble témoigner d'une nostalgie pour une période pas si ancienne, où les rapports humains, si rudes soient-ils, avaient encore un sens. Pas comme aujourd'hui, pour Stasiuk, dans ce monde standardisé du tout consommable et du vite jetable, où les contrefaçons chinoises envahissent les marchés de campagne. Taksim nous parle d'un temps qui est maintenant bien révolu.

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le 9 févr. 2017

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