Soyons francs : il y a 20 ou 30 ans, j'aurais sans doute adoré ce livre. De la pure SF, issue en droite lignée de l'age d'or, où l'homme maîtrise la science qui le porte vers un avenir radieux malgré les difficultés.
Mais depuis, j'ai lu quelques autres livres. Et ce qui me serait apparu alors comme un défaut mineur est devenu rédhibitoire : Tau zero est écrit à la truelle, avec une vision des rapports humain digne d'un geek prépubère. On tourne entre le ridicule et le lamentable, avec des personnages qui dépassent la caricature, des femmes dont le rôle principal est de consoler ou de tromper les hommes et des dialogues à mourir de rire. On passera sur quelques effets stylistiques ratés (un chapitre finit même sur "le malheur allait frapper" ou une formulation de ce genre (je n'ai pas le livre sous la main)) et sur la faible crédibilité de la survie de l'équipage : après s’être déchirés, trompés, menacés de suicide et plaint pendant des années, tout le monde arrive sain et sauf à bon port en dépit du bon sens et dans un happy end ridicule. A coté de ça, Asimov passe pour un brillant psychologue.
Tout ces défauts m'ont totalement sorti du bouquin (que j'ai failli abandonner à la moitié) et le sense of wonder de la partie scientifique en est devenu secondaire.