Taxi Driver par MarianneL
C’est une histoire de fou : un livre que tu achètes pour un film, dont tu es toi-même folle, que tu as vu quinze fois…
C’est l’histoire d’un fou, et elle est bien connue : Chauffeur de taxi à New-York, Travis Bickle tient un journal pour survivre, à son retour du Vietnam, aux nuits sans sommeil, à la crasse, aux putes et aux dingues qui font n’importe quoi à l’arrière de son taxi, et pour surmonter la solitude inéluctable.
Sous la plume de Richard Elman, on découvre comment Travis Bickle « is talkin’ to himself », tout le plaisir et l’intérêt du récit. Ecrit en même temps que le scénario du film, en 1976, et traduit en français cette année, le roman fait ressurgir à tout moment les images de scènes cultes, mais donne aussi à Travis, et à son incarnation fabuleuse par Robert de Niro, une épaisseur différente, parce que l’écriture d’Elman et la traduction de Claro nous font entendre une voix d’une très grande justesse.
«Dans ma tête je prenais des notes : une journée bien pourrie ; de la neige sale entassée en tas. Comme là d’où je viens mais en pire. Là-bas, vous attendez pas grand-chose d’autre.
Et donc je jour-là, j’ai commencé à tenir un journal. Pour me souvenir. Un truc pour m’empêcher de péter un câble. Pour m’occuper. Des trucs du genre : la suie tombe sur la neige comme le poivre sur la purée.»
Ecartelé dans la grande ville de «ce grand pays qui lui a appris à tuer et à dire Tu ne tueras point», furieux de son chagrin, dévoré de solitude et de frustration, le poor lonesome taxi driver rêve d’un grand destin, à défaut d’être aimé.
C’était puissant, je reverrais bien le film…
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