Je n'avais lu que Le Meilleur des Mondes, œuvre majeure de Huxley, avant ce roman et je le critiquerai donc en les comparant. Je doute de toute manière que quiconque se retrouve avec Temps futurs dans les mains sans connaître son prédécesseur.
Le récit de Temps futurs est partiellement allégorique, et si ces allégories ne sont pas révolutionnaires (singes représentant la brutalité humaine) elles restent convenables. Les personnages et le scenario sont bien mieux construits que ceux du Meilleur des Mondes, mais Temps futurs reste en-dessous à cause des moindres complexité et pertinence de son univers.
Cet univers post-apo est d'abord caractérisé par le satanisme, ou plutôt le culte du diable, dans toute sa contradiction. Ici, pas question de faire de soi son dieu (satanisme LaVeyen) le diable insuffle le péché et le punit (en tant que maître de l'enfer qu'est devenue la Californie). Le cheminement civilisationnel ayant conduit à ce cauchemar, expliqué par la dégradation du matériel génétique, due à la radioactivité, est assez original et élaboré. On retrouve aussi le thème du sexe cher à Huxley.
Le principal défaut de ce roman, comparé au Meilleur des Mondes, est que son discours est plutôt basique. Là où le Meilleur des Mondes questionne notre quête du bonheur érigée généralement en but de l'humanité en nous montrant une civilisation utopique (car c'est bien une authentique utopie) de derniers hommes (Nietzsche l'aurait sans doute décrite ainsi), Temps futurs se contente d'une dénonciation assez classique de la guerre (typique de son époque) et des dogmes religieux chrétiens. C'est donc tout à fait convenable mais si on espère se voir administrer un choc philosophique équivalent à celui du Meilleur des Mondes, on est déçu.