Terminus les étoiles , ou Tiger! Tiger! dans sa version originale , est un roman de science-fiction écrit par Alfred Bester en 1956. Bester est , avec Phil Dick et Edmond Hamilton , ce genre de romancier de sf qui puent la classe - d'un point de vue esthétique j'entend. Quand on voit des photographies en noir et blanc de cet homme , on se dit "Si il n'était pas devenu auteur de l'imaginaire et scénariste de comics , qu'aurait il fait ?". Car Bester c'est ça : une oeuvre rachitique , certes , mais fondamentale autant en science-fiction que dans le monde de la bande dessiné américaine. Il est d'ailleurs le créateur du personnage DC Solomon Grundy , un ersatz de celui de Gully Foyle.
Car , niveau gros couillon , on est servi avec Gullyver , personnage principal de Terminus les étoiles. Mécanicien handicapé autant par sa carrure de golgot que son intelligence réduite de bouseux solarien , Foyle est à bord du vaisseau spatial Nomad quand ce dernier est pilonné. Unique rescapé de la catastrophe , il va survivre plusieurs mois dans une poche d'air réduite jusqu'à ce qu'un autre vaisseau de la société Presteign pour lequel le Nomad avait été affrété , le Vorga , vienne à sa rencontre. Malheureusement pour le mécano , malgré toutes ses tentatives pour se faire remarquer par l'autre nef , cette dernière le laisse en plan , pourrir dans ce coins isolé du système solaire. La rage que cet abandon va susciter en lui le poussera bientôt à trouver un moyen pour rentrer chez lui. Cette colère va l'emmener à se métamorphoser. A se venger de ceux qui l'ont laisser mourir.
Ce n'était vraiment pas gagné. Le roman démarre très mal , et nous introduit à un héros certes tres impressionnant , mais tellement stéréotypé qu'il est difficile de s'attacher à lui ou à sa quête de vengeance démesurée. Autant donc dire que toute la première partie , malgré son flirt intéressant avec l'oeuvre d'un certains Alexandre Dumas , est presque épuisante tant elle est à la fois molle , et à la fois inintéressante. L'excuse du pulp ne pardonne parfois pas tout.
Et puis , à la moitié du livre , tout s’accélère. Tout devient subitement fascinant , à la fois l'évolution du personnage en véritable Monte-Cristo des mondes de l'imaginaire , et à la fois le discours tenu. On arrive à la fin , avec une impression étrange : à la fois , d'avoir lu une de ces oeuvre complexes , et à la fois de s’être bien trop ennuyé pendant les cent cinquante premières pages pour pouvoir conférer à ce roman une note stratosphérique. Si la fin n'avait pas été aussi mindfuck , sans doutes aurais je asséné à ce livre un vieux 5 étoiles sur dix , voir moins.
Mais bon...Bester , Bester...Ce bon vieux Bester. On sent que le gaillard a travaillé à la fois sa philo , sa littérature et de fait aiguisé son imagination pour nous servir une oeuvre qui , malgré donc ce creux énorme , se laisse lire et apprécié.