Lecture errante
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le 20 juin 2020
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Dans ce récit plus proche de la nouvelle que du roman, le Chinois Liu Cixin imagine que la fin annoncée du Soleil amène les habitants de la Terre à tenter une manœuvre désespérée.
Non situé dans le temps mais forcément futuriste, ce récit nous place au cœur d’une science-fiction où l’auteur va au plus simple, nous mettant en position de comprendre parfaitement ce qui se passe. D’ailleurs, la situation de base est très compréhensible malgré son aspect scientifique. Comme nous le savons parfaitement, notre monde n’est pas éternel, puisque le Soleil est une étoile, soit un astre essentiellement composé de gaz en fusion. Ce qui veut dire que lorsque la quantité de gaz qui le constitue sera épuisée, le Soleil deviendra un astre mort qui cessera de nous envoyer chaleur et lumière dont nous nous nourrissons. L’aspect rassurant, c’est qu’on nous a dit, enfants, que cette situation est pour un futur tellement éloigné que nous ne sommes pas concernés. D’après leur étude des étoiles, les astronomes considèrent que notre Soleil est destiné à devenir une géante rouge, par accélération de la conversion de l’hydrogène en hélium. A vrai dire l’aspect scientifique n’a ici qu’une importance anecdotique. Ce qui compte, c’est ce colossal imprévu : le Soleil arrive en fin de vie, catastrophe qui devient imminente (quelques années). Que faire dans ces conditions ? Faut-il se résoudre à attendre la mort stoïquement ou bien peut-on envisager une action dont les humains auraient les moyens ? D’emblée, l’auteur nous place devant une situation où, à l’aspect technique, s’ajoute une dimension philosophique : l’humanité a-t-elle les moyens de se trouver un avenir au-delà de l’existence du Soleil ? On peut considérer que l’idée de l’exploration spatiale vient de là. Le vrai souci, c’est que nous ne sommes pas prêts et qu’il paraît difficile d’imaginer l’être dans un futur proche comme l’auteur nous place, au vu de l’aspect scientifique du récit. Face à l’énormité d’une telle problématique, Liu Cixin se contente de l’aborder modestement. En effet, il escamote une difficulté fondamentale en nous plaçant d’emblée dans un futur où la grande décision a été prise. On ne sait pas comment et on se prend à imaginer ce qui se passerait si on devait affronter une telle situation demain. Imaginez, trouver un accord fondamental à l’échelle planétaire…
L’astronef Terre
Ce que l’auteur met en évidence, c’est que nous autres humains sommes embarqués sur un même navire dont le sort nous concerne tous : son état, ses habitants, son organisation. Il nous montre également jusqu’à quel point nous sommes capables de le malmener dans le but de sauver l’espèce humaine. On remarquera qu’envisager de sauver tout ce qui fait la Terre elle-même (toutes les autres espèces vivantes, son aspect général, etc.) passe alors au second plan. On note cependant l’ampleur des sacrifices envisagés. Ce qui fait le plus défaut dans ce récit, ce sont les conséquences du bouleversement de notre habitat naturel (la Terre) sur l’avenir des humains. Un avenir est-il possible dans un contexte fortement dégradé de l’écosystème que nous connaissons ? En d’autres termes, peut-on effectivement sauver l’humain si on ne sauve pas avant tout son environnement naturel ?
Un projet aux conséquences incalculables
Il faut également évoquer le fait que la décision prise pour sauver ce qui peut l’être engage l’humanité sur une centaine de générations et que la narration est assurée par un individu de la génération « initiale » celle qui décide de passer à l’action. Il est donc logique que la narration n’aille pas aussi loin qu’on aimerait, ce qui évite à l’auteur d’imaginer certains points fondamentaux. Je pense en particulier à l’aspect psychologique pourtant évoqué dans le texte, avec les revirements d’une partie de la population mettant le projet en danger. Qu’en sera-t-il lorsque tout retour sera devenu impossible et que pour les générations intermédiaires, le seul but envisageable sera de poursuivre l’aventure dans l’espoir que les générations du futur trouvent autre chose ? L’auteur nous fait comprendre que, pour une génération, des conditions d’existence à la limite du supportable à nos yeux, peuvent passer aux yeux de celles et ceux qui n’ont jamais rien connu d’autre. Certes, mais il peut tellement s’en passer lors d’un espace de temps correspondant à une centaine de générations. La conclusion au récit comme à ce texte, c’est qu’il s’agit d’une autre histoire.
Critique parue initialement sur LeMagduCiné
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Créée
le 14 avr. 2024
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