Dans la droite ligne de son premier ouvrage, "Code 93", Olivier Norek met à profit son expérience de flic du neuf-trois pour nous peindre un portrait saisissant de ce département livré aux "fauves", entre caïds de la drogue prêts à tout pour contrôler leurs "Territoires" mais aussi s'assurer un avenir "honorable", et politiciens enlisés dans des compromis inavouables et immoraux (sans parler même de légalité...) afin d'assurer le calme dans leur commune et donc leur réélection. C'est sans doute ce second aspect - politique, et résonnant profondément avec nos préoccupations actuelles - des fictions de Norek qui font le principal intérêt de ses livres, et les distingue du tout-venant : on hésite un peu à croire qu'il puisse exister une exploitation politicienne aussi honteuse de la violence dans les cités que celle décrite ici... mais on a bien peur que tout cela soit affreusement plausible ! Même si l'intrigue "policière" est un peu mieux troussée que dans "Code 93", elle reste relativement secondaire par rapport à l'aspect furieusement réaliste de la description du microcosme des "cités" : c'est bien cette chronique, assez intègre en fait, et bien équilibrée, de la (sur) vie dans les quartiers difficiles qui constitue la meilleure raison de lire les livres d'Olivier Norek, un auteur qu'on verrait bien abandonner complètement le genre du "polar de gare" pour se consacrer à un véritable portrait de cette France en souffrance, qui a si peu de visibilité dans la littérature...
[Critique écrite en 2019]