Le titre de The Peripheral, traduit périphériques en français, est déjà une diversion: on parle du high-concept qui sous-tend le bouquin, ce qui le rend pertinent et possible, les corps déportés des périphériques, drone biologique wetware dont Flynne, Conner, Burton, Ainsley et Wilf vont prendre contrôle tour à tour.


Et c'est bien le sujet de The peripheral au fond, la déportation: pas aus ens habituel de pr"endre un corps physique pour le porter "hors de", mais transporter plutôt: le roman trouve une belle subversion à la téléportation et au voyage temporel, et sous tend l'idée que la simulation est la seule véritable solution de voyage spatio temporel qui se tient.


Topute l'intrigue est une simulation, un jeu dont le but est de se saisir d'un jackpot, un mac guffin assez réussi, tant Gibson s'évertue à nous donner un thriller reflexif post-cyberpunk sur les sociétés post-abondance. Tout est décalé, au sens spatio-temporel, dans une forme typique d'alternance netre le point de vue de Wilf et Flynne, qui parfois se recoupent lorsque l'action est à son comble, les points névralgiques enfin synchronisés.


L'histoire est littéralement sans grande transformation pour le monde des klepts ou celui de Flynne: tout est déjà prêt pour le jackpot, le but ultime de la société post-capitaliste, avoir de l'avance dans une course effrénée vers le pouvoir, il faut juste savoir quels klepts va l'emporter: c'est du post-politique. Tout est déjà joué d'avance, comme Lowbeer l'ordonne, véritable joueuse d'une partie de go gagnée d'avance.

La mort d'une présidente est déjà un non évènement, modularisable mais absolument sans signification sur le monde. Autant se la jouer fraiche dans des jeux vidéos, comme Easy Ice, ou publiciste générateur de bullshit, grace à un détachement cynique de la réalité comme Wilf ou un implant, pour parler automatiquement.


Malgré le futur proche du passé de Flynne ou du futut semi-lointain de Wilf, on est plus sur une reflexion des extensions du monde actuel, dans laquelle les corporations sont enfion devenues autonomes des humains, comme les aunties de la police londonienne: les intelligences artificielles sont le futur réel des corpos, des agents drivés, dirigés par des algorithmes évolutionnaires qui mangent le monde, et qui sont contrôlés selon l'occasion par des kelptocrates, interchangeables, dont la peau est comme les tatouages de Daedra West, une couverture, une armure mais surtout une façade, d'une des nombreuses holdings en cascade qui comme Matryochka, ne débouche que sur le vide.


Les apparences changent mais l'essence du monde est bloquée, post jackpot, un événèment traumatique qui tranche le monde entre un avant irrécupérable et celui qui vient après.


Toute les données sont déjà présentes très vite, tout est dans le supense, car tout est posé: les acteurs, les possibles suspects, les alliés, antagonistes. Tout se sait, et déjà capturé, sauf au parlement des oiseaux: il faut acquérir le capital financier et d'informations et agir en conséquence, sans choix, comme le devin, neuromancien Lowbeer qui dirige tout le mon,de de Flynne, véritable PNJ pour Wilf comme inversement. Tout est décentralisé et nos points de vues sont limités à la caméra d"un moteur 3d: on voit ce qui consititue les modalités de l'action, qui se suit devant nous comme un train dans ses rails.


Le There Is No Alternative de Thatcher résonne dans tout le bouquin: il est trop tard, pour changer le futur, mais au moins on peut simuler le passé dans un jeu vidéo et sentir comme Wilf l'étrangeté du monde insensé de la klept, être ému d'un passé nostalgique et de relation non hierarchiques, de famille, d'amitié, mais déjà la limite est posée. A la limite, on peut être un néo-primitiviste, comme dans les réserves de Transmetropolitan, mais meme le discours d'art ne séduit pas les artistes comme Daedra, qui voit clair dans ce jeu de signifiants, elle meme mebre de la klept.

Ce monde est déjà en pentevers une nouvelle violence, écologique, et l'arms race entre pouvoirs financiers magiques est déjà lancée, non pas pour sauver le monde, mais mieux gérer les complexités algorithmiques des survivants en cosplay dans des villes vides comme celle d'un niveau en construction d'une beta de jeu vidéo.


Gibson maitrise parfaitement la forme, avec ses chapitres d'1 à 7 pages, montrant dans un petit thriller aventureux high-concept que le monde est déjà plongé dans l'ère de la simulation, sans avoir à être totalement futuriste.

Il ya de belles interfaces technologiques avec les sigils, le wheelie boy, les michikoid et la gobiwagen, , le pod/atelier de Burton, les fabs, les péris évidemment.

Perferic
7
Écrit par

Créée

le 18 oct. 2022

Modifiée

le 18 oct. 2022

Critique lue 189 fois

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