Le roman qui lança Harry Harrison, l'auteur/éditeur de science-fiction dont on se rappellera principalement pour Soleil Vert. Dans sa version d'origine, "Make Room! Make Room!" ne fait pas référence à la substance titre, puisque celle-ci a été inventée pour l'adaptation cinématographique.
Bien loin du sujet sordide de Soleil Vert, cette histoire humoristique semble plutôt inspirée des aventures d'Arsène Lupin. Notre héros, "Slippery Jim" diGriz, pour utiliser l'un de ses nombreux sobriquets, est un arnaqueur d'exception, profiteur dans une société du futur, généralement ultra-stérile et civilisée. Ses frasques attirent l'attention d'une organisation ultra-secrète, qui recrute des malins du genre de Jim pour donner la chasse aux hors-la-loi les plus dangereux. Parmi ceux-ci, la mystérieuse Angelina, à qui Jim donne la chasse.
Les similitudes sont flagrantes avec le premier roman de Lupin, mais plus encore on se sent vraiment dans une histoire de gangsters des années 50-60. Si l'on ignore les robots, ordinateurs ou vaisseaux spatiaux, qui n'ont guère plus d'épaisseur qu'un décor de théâtre, il n'y a vraiment rien de futuriste. Au contraire, entre les coffre-forts de banques et les braqueurs, c'est bien daté. Cela dit, la narration est concentrée sur l'action et la comédie, plus que sur la vraisemblance - je pense qu'il sera difficile de manquer cela, vu qu'un coffre-fort tombe du plafond sur un policier en première page. Et donc, le Ratinox s'affiche clairement plus Looney Tunes que Star Trek. Dans la tradition des romans populaires d'Edgar Rice Burrough, nous avons ici une aventure rocambolesque, et dans un style d'écriture plutôt agréable.
Il est franchement difficile de recommander la lecture, car il n'y a ici rien de nouveau. On pourrait même dire qu'il y a une assez forte odeur de camphre, oui, comme dans les armoires de Grand-Mère. Si vous cherchez de la SF classique, ça ne vaut pas John Carter. Pour les histoires de cambrioleurs, on a Maurice Leblanc, en langue originale et certainement plus facile à trouver. Mais bon, comme je voulais lire quelque chose de Harrison, et que j'ai dégoté l'omnibus du Ratinox, je vais sans doute continuer, ça se laisse lire…