Quand on dit mythologie grecque, c'est Homère qui va venir, spontanément, à l'esprit de la plupart des gens. Avec l'Odyssée et l'Iliade, il écrase de sa figure le reste de la mythologie. Et pourtant.
Dans l'esprit des grecs anciens il y a un autre géant de la mythologie, tout aussi important que le premier. Hésiode, qui est au moins autant cité, critiqué, discuté qu'Homère lui-même. Sa théogonie a suscité bien des critiques notamment de Platon, qui l'accuse d'impiétés, mais aussi de nombreux autres, suscitant moult débats sur la description des divinités. Au moins au tant qu'Homère la religion du commun, du vulgaire, c'est celle d'Hésiode.
Bien sûr, en comparaison de l'Iliade, Hésiode est plus descriptif. D'où ma note, parce qu'il est difficile de mettre au même niveau l'interminable liste de dieux - les enfants d'Océan et de Thétys par exemple, à peine décrits, succinctement mentionnés, et l'épopée tellement humaine, réaliste, vibrante que nous pouvons vivre en lisant Homère.
Il n'en demeure pas moins que cette Théogonie est une oeuvre incontournable pour tous ceux qui prétendent s'intéresser, au moins un peu à la mythologie grecque. Tout y est: la naissance du monde, issue de Chaos, avec l'émergence de Gaïa, d'Erèbe, de Nyx, de Tartare et d'Eros.
Les complots pour s'assurer la maîtrise de l'univers. Cronos, maître de l'univers, dévorant ses enfants pour échapper à son destin. L'enfance de Zeus. La rusée Métis, trop méconnue et son soutien à la montée de ce dernier au sommet de l'Olympe. La guerre des Olympiens contre les Titans, frères de Cronos - Titanomachie. Comment Zeus a reçu sa foudre et Poséidon, son célèbre trident.
Point particulier à signaler, c'est le rôle absolument fondamental de Gaïa, qui a subi un semi-oubli comparable à Hésiode.
Gaïa qui a fait Ouranos, le premier maître de l'univers. Gaïa qui façonne Pontos, la Mer. Gaïa qui donne naissance aux Titans. Gaïa qui complote avec Cronos et le pousse à renverser son père. Puis qui appuie Rhéa pour protéger Zeus de son père dévorant ses enfants. Gaïa qui façonne les géants, et donne naissance à Typhon, redoutables enfants qui donneront beaucoup de fil à retordre des Olympiens.
La théogonie est donc une œuvre clé, absolument fondatrice et à mon sens injustement mésestimée. Un deuxième pilier de la mythologie grecque, qui irrigue notre pensée depuis près de trois millénaires.