Je n’ai pas de réalisateur fétiche. Et pourtant, au-dessus de tous les autres, il y a Tim Burton. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Justement parce-que je n’aime pas tous ses films.
Il est capable de m’émouvoir profondément, ou de me laisser tristement indifférente.
Tim Burton est effectivement un génie. Et les génies font des erreurs.
Ses oeuvres, les meilleures comme les moins bonnes, ont toujours un curieux effet sur moi. Comme une séance d’hypnose, dont je sors euphorique un jour, nauséeuse le lendemain.
J’ ai terminé Sleepy Hollow, Edward aux Mains d’Argent, L’Etrange Noël de Mr Jack et Ed Wood dans un état de satisfaction béate. Tim Burton, c’est celui qui t’entraîne par la main dans des endroits où tu n’as pas forcément envie d’aller. C’est celui qui plante ses arbres noirs et torturés dans le fond de ton crâne. C’est celui qui maîtrise tellement son univers qu’il te l’impose sans efforts. Un magicien de l’image.
Dans ce superbe petit livre, on découvre l’artiste. Ses névroses adolescentes, qui s’étirent à l’âge adulte. Le jeune Tim, c’est celui qui reste dans son coin, que l’on écarte des autres, et qui ne se trouve pas si mal en compagnie de ses seuls films. Ses références cinématographiques sont multiples et toujours pertinentes. On ajoute les innombrables anecdotes de tournage, qui donnent un nouveau regard sur ses productions. Sans justifier ses erreurs, il remet les choses à leur place : parfois, une oeuvre échappe à son créateur.
Le récit de la saga des Batman est passionnant, tout comme la création plastique de L’Etrange Noël de Mr Jack et des Noces Funèbres, ou le décor de Sleepy Hollow.
Les entretiens, découpés et titrés dans l’ordre chronologique et par films, laissent la place aux nombreux croquis. On admire cette folie qui anime Burton, et le rend unique. C’est ce désir vorace de création qui lui donne sans doute cette aura particulière, et qui m’inspire un tel respect.
Tim Burton est un artiste vulnérable, un génie imparfait, mais un génie sans aucun doute.