Bien que je sois un adepte du numérique j’avoue que je préfère les couvertures sur papier que la photo (en noir et blanc qui plus est) proposée par ma liseuse, notamment cette couv’ rouge sang avec cette bouche ouverte sur un cri silencieux ; il n’en faut pas plus pour m’attirer vers le bouquin, si en plus la quatrième de couv’ est alléchante alors là c’est craquage assuré. Une fois l’objet entre les mains il est temps de se plonger dans sa lecture ; d’office le style est déstabilisant, le narrateur porte un regard extérieur aux événements mais en usant de la seconde personne du singulier, comme s’il était le témoin direct et privilégié des événements, cherchant chaque fois à sonder l’âme de celui ou celle qu’il « observe ». Ah oui c’est sans doute le moment idéal pour vous préciser que les différents chapitres portent le prénom du personnage à travers lequel le narrateur va nous faire vivre les faits. Déconcertant, d’autant que les différentes pièces du puzzle ne s’imbriquent pas immédiatement les unes aux autres et que l’ordre chronologique n’est pas toujours de mise, mais on finit par s’y habituer et même par apprécier cette touche d’originalité dans le style narratif.
Venons à l’intrigue (ou plutôt aux intrigues) à proprement parler, on se retrouve plongé dans un thriller sur fond de road-movie entre l’Allemagne et la Norvège sombre mais, aussi paradoxal que cela puisse paraitre, on y retrouve une certaine fraîcheur (toute relative) et même quelques touches d’humour (notamment grâce aux réactions et commentaires de gamines en fuite). Clairement on sent que l’auteur n’a pas cherché à miser sur un scénario totalement ancré dans la réalité, bien que certains passages soient peu crédibles on est totalement embarqué par ce récit plein de surprises jusqu’à la dernière page, du coup on a envie d’y croire… juste pour le plaisir des yeux.
Tous les personnages ont une personnalité et un caractère bien trempé, du plus sombre ou plus innocent, les destinées de tout ce petit monde vont se croiser dans un cocktail détonnant (on ne comprend l’implication du Voyageur, le tueur en série, que dans la dernière partie du roman) mais ces rencontres plus ou moins calculées, ou au contraire totalement liées au hasard, ainsi que leurs conséquences donnent à l’ensemble une réelle cohérence (ce qui n’apparaissait pas comme une évidence dans les premières pages).
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