Hostie d'réalisateur ! Xavier Dolan, t'auras eu le mérite de me faire lire du théâtre ! genre j'ai rien lu depuis l'Antigone de Jean Anouilh, c'est dire.
Bon j'sens ta petite arrogance de là où j'suis, mais va falloir t'y faire c'est pas de toi que je vais parler mais du bonhomme qu'est à l'origine de ton dernier film, Tom à la ferme.
Je lis jamais de théâtre bicause j'ai toujours l'impression que je vais me faire chier comme un rat mort, nique. J'utilise pas les bons termes et j'ai pas vraiment matière à comparer.
Anyways, Michel Marc Bouchard m'a fait planer, les répliques mon gars je les lisais jusqu'à trois fois pour les apprendre par cœur et pas juste pour faire comme dans le film. Parce que le texte, parce que la subtilité des mots, la cruauté, la tristesse, tout. J'm'ai fait surprendre.
Tom à la ferme, c'est l'histoire du Mensonge. Tout le monde ment. Pas seulement quand on est petit pour se protéger. Quand on vieillit, pour toujours se protéger. Les autres aussi pour les protéger. Mentir à l'autre, se mentir à soi. Sur fond d'homosexualité à cacher, d'une personne à remplacer, de croire en Dieu pour accepter le deuil. Y'a des livres comme ça où vous savez que certaines phrases resteront scellées dans un gros recoin de votre crâne, et que vous les sortirez à la bonne occasion. Faut juste attendre le bon moment.
Tom à la ferme est de ces livres là.
La lecture est déroutante au début, du fait que les monologues de Tom sont indiqués comme lorsqu'il s'adresse à un autre personnage. L'auteur brise le silence, il ne laisse aucune place à la gêne et lui assène des coups verbaux aussi destructeurs qu'un moment passé au dessus d'une fosse remplie de coyotes.
On s'inquiète, on a mal, on rit jaune, on souffre avec. Pas une seule fois on laisse parler la compassion. Putain c'était tellement vivant !
Oké, je pourrais m'arrêter ici mais Le Peintre des Madones est aussi bouleversant que violent et glauque. C'est également une pièce de théâtre, très courte, se déroulant pendant la première guerre mondiale au Canada, même si une ambiance moyenâgeuse flotte au dessus de l'histoire. Un jeune prêtre un peu cinglé décide de repousser la Peste qui sévit dans cette région en offrant à Dieu un tableau. Il convainc donc le médecin des alentours d'en être le mécène et les jolies marie-jouvencelles de postuler pour en être les modèles. L'arrivée du peintre, la faiblesse de la jeunesse et la dégueulasserie de l'Amour (ouais celui là, ouais) va foutre un sacré bordel, vous emportant au passage sans se faire prier pour vous saccager tout dans votre petit cerveau que vous pensiez blindé à toutes épreuves.
Et si tu trouves que j'en ai pas assez dit t'as qu'à acheter le livre, criss !