Il y a pourtant une bonne intrigue, quelques bons personnages, une ville parfaite pour une sombre histoire de pègre et de vengeances. Il y a l'air iodé de la mer et les odeurs de shit. Le calme d'une pêche au large des calanques, et le corps d'une femme violée mangée par les fourmis. Il y a des Ritals, des Arabes, des Gitans, des Corses, des Blacks, toute une faune marseillaise depuis les flics pas nets jusqu'aux cités des laissés pour compte. De quoi faire beaucoup pour peu qu'on sache éviter les clichés. Et il y a certes beaucoup de choses bien dans ce roman. Mais ça ne m'a pas convaincue.
Pourtant, j'aurais vraiment aimé que Fabio Montale et son enquête me réconcilient avec le roman policier. J'aurais aimé m'intéresser à "qui a tué Manu" et trouver génial le twist final. Pas de bol, même si je l'ai trouvée parfois très belle, l'écriture m'a laissée de marbre la plus grande partie du roman. Voire m'a un peu agacée. Les phrases hachées, la posture du type mi-blasé mi-ténébreux, fin connaisseur de littérature, amoureux des femmes sans se laisser aimer - non, merci.
Il y a des trucs vraiment chouettes pourtant : par exemple, j'étais assez admirative de la manière dont Izzo mêle le présent et des réminiscences du passé pour faire comprendre les tenants et aboutissants de l'histoire. Mais même là, ça s'enrayait : le coup du "la sœur éplorée raconte l'histoire du pauvre Toni incompris par son papa" au moment où la narration s'accélère et qu'il faut chercher en vitesse une solution, ça tombe mal quand même, et ça casse tout.
Bref, je comprends qu'on aime mais moi je passe mon tour pour les romans suivants.