Le problème avec les héros de notre enfance c'est que l'on fini inévitablement par grandir, et notre regard sur eux aussi, l'image immaculée du surhomme laissant la place aux failles de l'homme. Action heroe plus grand que grand, Arnold Schwarzenegger était devenu, à l'aide du mirroir déformant qu'est le monde de la presse et de l'information, une figure caricaturale de la republican way of life, sympathique mais assez balourde, porte-étendard de l'Amérique toute puissante. Cette autobiographie tardive remet les choses à leur place.
En collaboration avec Peter Petre, la star revient sur son parcours avec humilité et humour, de son Autriche natale à sa récente séparation avec la mère de ses enfants, en passant par son passage dans le culturisme, le cinéma et la politique. Ne cachant rien de ses échecs ni de ses défauts, nous plongeant dans l'envers d'un décors aussi bien hollywoodien que politique, réhabilitant certains milieux généralement vu avec dédain (les culturistes sont loin d'être des abrutis), Schwarzenegger baisse la garde et laisse entrevoir l'être humain derrière la machine, un homme aimant par-dessus tout la vie et ses petits plaisirs mais obnubilé par l'idée de conquêtes, incapable de rester les bras croisés ne serais-ce qu'une petite minute.
Copieux mais facile à lire, "Total recall" nous donne le sentiment agréable de discuter quelques heures avec un homme sincère et infiniment sympathique, loin d'être stupide (le bonhomme est un homme d'affaire redoutable), rebelle dans l'âme mais rassembleur (pur républicain, il n'a pourtant jamais hésiter à travailler avec les démocrates), parfois même touchant quand il évoque son ex-femme qu'il espère encore reconquérir, au parcours incroyable et unique.