Le resac d'un idéal
L'histoire : Un jeune homme de 25 ans, Oscar Donadieu, fils d'une famille anciennement riche et prestigieuse dont il ne reste que le nom suite à des crimes et autres scandales ayant amené la...
Par
le 11 avr. 2018
Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏
L'histoire :
Un jeune homme de 25 ans, Oscar Donadieu, fils d'une famille anciennement riche et prestigieuse dont il ne reste que le nom suite à des crimes et autres scandales ayant amené la faillite, décide de tout quitter et de changer de vie. Il quitte la France et s'embarque pour Tahiti, bien décidé à une vie simple, solitaire et naturelle, loin des hommes et de leurs intrigues. Mais sur place, il ne parvient pas à concrétiser son idéal. L'existence qu'il entreprend de mener en haut d'une montagne, en pleine nature et en auto-subsistance, ne lui procure finalement pas les satisfactions escomptées. Il finit par ne pouvoir qu'écouter les sirènes lancées par les hommes de la ville, tant il se sent seul et vide. Et cependant, ces hommes sont tout autant corrompus, vils, empreints d'artifices que partout ailleurs. Oscar a l'occasion de s'en rendre particulièrement compte lors du procès postiche d'un commandant de bateau ayant tué un de ses officiers, et dont la peine est décidée en dehors du tribunal et selon des considérations politiques et d'intérêt personnel. Finalement, Oscar prend conscience de manière décisive, dans le microcosme insulaire de la mascarade et de la mesquinerie humaine, de l'inanité de son existence. Dans tout cet artifice, Oscar se décidera à jouer le seul rôle dont il se sent capable : celui du mort.
Le style de Simenon :
Un style direct, servant l'action. Des phrases courtes, beaucoup de dialogues. Une écriture réaliste, qui invente certes (il s'agit là d'une fiction) mais ne se permet pas de fantaisie. Il s'agit de décrire au plus près l'île de Tahiti, les impressions et couleurs qu'est susceptible d'en recevoir un jeune-homme arrivant de métropole, et enfin le parcours probablement déceptif de celui qui débarque avec des rêves de nature et de solitude tranquille sous les tropiques.
Le milieu :
Tahiti et le milieu colonial. Milieu tout à fait corrompu. Qu'il s'agisse du gouverneur, du chef du tribunal, des juges, de l'Inspecteur des colonies, bref tous les gens ayant quelque pouvoir, tous paraissent vils et mesquins, s'abandonnant allègrement à l'alcool et aux femmes. Les femmes indigènes que nous suivons dans l'histoire sont plus ou moins des prostituées, des filles de plaisir insouciantes et qui ne pensent pas à demain.
Tahiti fait office ici de microcosme sociétal bien organisé, hiérarchisé, mais qui cristallise en fait les arrangements politiques entre amis.
Analyse et message :
Oscar, dont on comprend que la famille est tombée dans une profonde infamie en métropole, décide de partir le plus loin possible, pourrait-on dire. Mais le plus loin possible de quoi ? Des intrigues et des perversions de sa propre famille et des hommes en général. Des jugements aussi. Oscar est un jeune homme timide, qui ne se sent jamais vraiment à son aise.
Mais précisément, Oscar ne va réussir à se libérer ni des hommes ni leur jugement. Même niché seul sur sa montagne, il fait se poursuivre sur lui-même le regard des autres. Qu'est-ce que les gens d'ici pensent de lui ? Le prennent-ils pour un fameux « touriste de bananes », écervelé s'attendant à survivre des fruits de la nature sans travailler ? Quoi qu'il en soit, il ne parvient pas à réaliser son idéal d'auto-nomie, et c'est bien de cela dont il est question. Même loin de tout, même sur cette petite île, les autres hommes continuent à lui en imposer. Oscar connaît ce paradoxe d'étouffer des autres, de leurs regards, de leurs attitudes, tout en ayant en quelque sorte besoin d'eux pour être empli de ce sentiment insupportable et aspirer à une solitude dont le désir ne serait rien sans Eux. Il doit s'avouer peu à peu qu'une vie de solitaire ne le satisfait pas. Mais au moment où il se confronte à nouveau directement aux gens de l'île, il se confronte à tant d'artifices, de mesquinerie, de superficialité, qu'il lui apparaît tout bonnement impossible de vivre décemment comme cela. Et pourtant, lui qui est redescendu de sa montagne, il s'est déjà montré qu'il renonçait à vivre autrement. Alors, pris dans cet étau, que faut-il faire ? Partir, voyager ? Mais ici, c'est ailleurs. Mieux vaut encore partir ici.
Créée
le 11 avr. 2018
Critique lue 337 fois
D'autres avis sur Touriste de bananes
L'histoire : Un jeune homme de 25 ans, Oscar Donadieu, fils d'une famille anciennement riche et prestigieuse dont il ne reste que le nom suite à des crimes et autres scandales ayant amené la...
Par
le 11 avr. 2018
Du même critique
Dans cette critique, je ne propose ni un compte-rendu point par point du film ou du livre, ni une analyse. On peut trouver les deux et de grande qualité ailleurs. Je voudrais simplement faire deux...
Par
le 19 oct. 2016
6 j'aime
1
[Spoiler] La chose en soi, roman qui se propose de croiser philosophie métaphysique et intelligence artificielle pour tenir son propos, repose aussi sur une architecture complexe où s’enchevêtrent...
Par
le 2 oct. 2021
5 j'aime
Résumé et description : Roman d’initiation, l’homme à la poursuite de lui-même. L’écrivain annonce dès la préface : « La vie de chaque homme est un chemin vers soi-même, l’essai d’un chemin,...
Par
le 19 janv. 2017
3 j'aime