Pouh. Une chose est sûre minou, si tu t’apprêtes à lire Tout ce qui est à toi brûlera, armes toi d’une bonne dose de self control, assures toi d’avoir les tripes bien accrochées et une fois que tout ça c’est bon, y’a peut-être encore une chance pour que t’arrives à t’en sortir pas trop cabossé.e
7 ans. Ça fait 7 ans que Thanh Dao est séquestrée par son bourreau quand la narration vient se télescoper à notre oeil un peu maso, avide de savoir ce qui se passe dans cette ferme perdue au fin fond de l’Angleterre, où tous les paysages sont plats, marécageux, salins, et où il n’y a nulle part pour se cacher. 7 ans que Thanh Dao se résigne comme elle peut, avec quelques accès de soif de liberté, très vite anéantis par la combustion du peu de souvenirs matériels qu’il lui reste.
Le seul moyen qu’elle a trouvé pour supporter son calvaire, son « réconfort » elle le trouve dans les morceaux de cachets de kétamine que lui file Lenn, pour supporter sa cheville détruite qu’elle traine depuis qu’elle s’est gravement blessée après avoir tenté de s’enfuir. Autre échappatoire, la lecture Des Souris et des Hommes de Steinbeck, qui résonne désagréablement à cause du nom des deux personnages, similaire à celui qui la torture nuit et jour.
Thanh se sacrifie afin de garder sa soeur en vie, victime elle aussi de la traite des femmes asiatiques en Angleterre, qui sert d’esclave employée dans une onglerie, le temps que les deux soeurs remboursent leur dette auprès de ce réseau clandestin.
On va pas se mentir, c’est loin d’être confortable, on se prend toute la déflagration du désespoir, de chaque tentative de survie, même au moment où Thanh Dao tombe enceinte de son violeur. Je me sens pas non plus très à l’aise de savoir pourquoi j’ai été au bout du roman, j’aimerai me dire que c’est pas par voyeurisme cruel, mais la plume de Will Dean est telle que ce huis-clos défile à toute allure, et malgré les ellipses temporelles on a envie que la jeune femme s’en sorte. Malgré l’écart violent, on établit vite les relations entre ce que traverse Thanh Dao et toutes ces femmes qui se murent courageusement pour affronter les désirs morbides des hommes à les priver de leur liberté quotidiennement.
Si vous avez vu le Martyrs de Pascal Laugier, si vous savez de quoi parle le Room d’Emma Donoghue, ce terroir noir et glaçant pourra certainement satisfaire votre curiosité malsaine.
Je vais allez lire un petit truc frais là parce que ça file le vertige, faites-en ce que vous voulez, je pense avoir prévenu !