William Boyle est un auteur honnête : il annonce la couleur dès le titre. Comment résumer "Tout est brisé" en 3 mots ? Trouvé ! Tout est brisé. Pas plus compliqué.
Plus sérieusement, "Tout est brisé" est à la fois un roman pessimiste qui peut foutre le cafard et un roman profond qui fait réfléchir à un tas de sujets sérieux chers à tous à un moment donné de la vie : le rapport à la famille, à l'avenir, à la vieillesse, à la dépendance, au sens de la vie, au passé, à la filiation, etc. Un peu plus de 200 pages et tout ça est abordé sous un angle brut qui fera fuir les âmes sensibles. Alcool, drogue, addictions, ambiance scatologique, autant dire qu'on n'est pas dans de l'édulcoré.
J'ai apprécié l'atmosphère new-yorkaise (le roman se déroule à Brooklyn). Les personnages sont à la fois repoussants et attachants. Toute la structure du roman est à rapprocher du théâtre, un drame en quatre actes. Les espaces et décors sont limités, les personnages sont peu nombreux, leurs relations complexes, le rythme prend son temps et les dialogues nous sont familiers. Je ne suis pas allée jusqu'à m'identifier aux personnages mais j'ai eu la sensation de bien comprendre leur logique respective et leurs attentes.
"Tout est brisé" n'est pas le roman du siècle et si vous n'avez pas le moral, passez votre chemin, mais au-delà de son réalisme pas très glamour se niche une forme d'espérance annonçant peut-être un arc-en-ciel.
"Somewhere, over the rainbow..."