J'éprouve toujours un sentiment ambivalent entre la frustration et le regret quand je termine un aussi beau roman que celui-ci, en pensant qu'il était là, à portée de main, dans ma bibliothèque, et que je l'ai laissé filer pendant de longs mois, et parfois même de longues années. Allons donc à l'essentiel de cet avis : si vous avez ce roman chez vous, qu'il n'a pas encore été lu, allez-y, et si vous ne l'avez pas encore acheté, foncez !
L'histoire se déroule donc en Europe, à plusieurs époques mais disons d'une période qui s'étend de la montée du nationalisme allemand d'avant guerre à la libération française. Nous suivons deux personnages à travers différentes périodes de cette époque (avec d'ailleurs des sauts aléatoires dans le temps qui m'ont un peu déstabilisé au début) : Marie-Laure, une jeune aveugle vivant à Paris avec son père, serrurier en chef du Muséum d'Histoire Naturelle ; Werner, un jeune allemand en orphelinat avec sa sœur, se découvrant une passion pour les mathématiques et une autodidaxie pour la radio.
Entre ces deux personnages, l'auteur tisse une lente toile à travers les années afin que leurs destins s'entremêlent, et c'est avec un certain délice que l'on tourne frénétiquement les pages en se demandant quand, enfin, l'un et l'autre verront leur histoire commune s'écrire. C'est ironiquement un diamant rare dont on dit qu'il est porteur d'une malédiction, qui fera que leurs routes seront amenées à se croiser à Saint-Malo, où l'une est réfugiée dans une maison de famille tandis que l'autre traque des émissions radio de la résistance.
Si j'ai été un peu surpris au début de ma lecture par les chapitres microscopiques (j'ai horreur de toutes ces pages blanches qui alourdissent les livres sans alléger les histoires) et des sauts dans le temps un peu inattendus, j'ai été très rapidement happé par cette lecture, je l'ai littéralement dévorée en une journée et demi et je l'ai refermée après six cent pages avec ce sentiment de plénitude que les beaux romans offrent aux lecteurs gourmands. Foncez !