L'inégale homélie du père Arouet

Dans la première partie de l’ouvrage, Voltaire rappelle les faits de l’affaire Calas et présente ses arguments en faveur de l’innocence du négociant protestant. Ces arguments sont remarquablement convaincants, et prennent rétrospectivement une dimension encore plus prestigieuse, puisque Calas fut réhabilité en 1765. Les positions de Voltaire témoignent de son attachement à la justice et de sa capacité d’abnégation au service de l’esprit des Lumières.

Dans la seconde partie, Voltaire démontre par un panel surprenant de données exégétiques, d’éléments historiques, de contes philosophiques, et d’arguments logiques, l’absurdité de l’intolérance du clergé. La variété des ressources rhétoriques sollicitées mérite considération.

En revanche, j’ai été parfois surpris du caractère naïf et candide (ahah.) de l’argumentaire universaliste et internationaliste de Voltaire. Un homme analysant si bien les vices et les travers de l’homme qui vit en parallèle dans un monde de Bisounours, c’est paradoxal. Je pense à la fameuse phrase : « Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! ». Oh c'est beau ! C'est beau ! Sauf que ça n'existe pas monsieur Arouet. Surtout, ça fait fi de ce qu'on est, non pas de ce qu'on devient, mais de ce qu'on est. Vous parlez pour un homme hors-sol, vous parlez pour un homme qui passe sa vie dans les aéroports. Mais ça il n'existe pas à part vous, monsieur Arouet.

Enfin, par manque de références bibliques et de connaissances historiques, certains passages m’ont à vrai dire ennuyé. La lecture fut parfois ardue, et malgré la brièveté de l’ouvrage, je dois reconnaître avoir eu hâte de le terminer.