Avant toute chose, je souhaiterais clarifier ce titre équivoque: ce livre est un bon livre. Un coup de foudre, c’est l’enthousiasme, l’emballement, l’excitation dès les premières minutes, mais bien souvent, et presque toujours, le feu ne prend pas. Ici c’est l’inverse, on trouve tout d’abord que le premier qualificatif du style serait l’adjectif « absent » et on est comme imperméable à l’atmosphère. Puis le voyage nous fait, il façonne l’oeil, l'imagination, la façon d'appréhender le livre, et le monde qui y est décrit. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, de s’acclimater au temps long sur un espace apparement infini : une traversée de l’Atlantique.
Le bateau, un immense porte-conteneurs, est lui aussi un monde en soi. Francis Tabouret nous le dépeint avec talent, à tel point que l’on s’imagine naturellement la vie à bord. Le narrateur, vétérinaire pour la cargaison de bétail, voit ses journées rythmées par les besoins des animaux, les repas, les rares interactions avec les autres membres d’équipages. Tout le reste n’est qu’immensité de l’océan.
L’envie en viendrait même de monter sur un navire de la CMA-CGM. À 130€ la nuit et une traversée d’une dizaine de jours, c’est un souhait onéreux. Mais n’aviez-vous pas dit vouloir fuir Paris lors des J-O ?