L'effet boule de neige

Par où commencer si ce n'est que cette histoire poignante m'a touchée, m'a bouleversée de par le tragique de son récit certes, mais aussi par la puissance des émotions qu'il nous fait ressentir, toujours plus intenses.

On y découvre le jeune Clay Jensen qui, après un jour de classe, reçoit un paquet dans lequel s'y trouvent sept cassettes audio, des cassettes qui vont alors tout changer. Celles-ci ont été enregistrées par Hannah Baker, une jeune fille que Clay côtoyait au lycée mais aussi avec laquelle il travaillait dans un petit cinéma de la ville, mais surtout une jeune fille dont il était fou amoureux. Oui, j'emploie l'imparfait car Clay ne pourra désormais plus la fréquenter car Hannah Baker s'est suicidée. Mais avant de passer à l'acte, elle a enregistré sur ces sept cassettes audio treize histoires différentes, chacune destinée à une personne en particulier ayant contribué plus ou moins directement à son suicide. Hannah a fait ce geste afin de raconter son histoire, afin de faire savoir à ces personnes à quel point elle était mal dans sa peau à cause des rumeurs infondées propagées à son sujet. Humiliée, insultée maintes et maintes fois, Hannah a perdu espoir en la vie à cause de l'effet boule de neige causé par la somme de tous ces actes subis à son encontre.

Dès le début du roman et au regard du thème abordé, l'auteur, Jay Asher, nous plonge dans un sentiment de malaise qui ne va cesser de croître au fil des pages. Le lecteur est immergé dans une bulle avec Clay pour narrateur principal et Hannah, qui parle d'elle-même à la première personne. Dès lors, on ressent à la fois les émotions de Clay qui, totalement perdu, découvre peu à peu la souffrance et le désarroi de la jeune fille qu'il ne soupçonnait pas vraiment, ainsi que les émotions d'Hannah qui se livre à cœur ouvert, nous faisant part de toute sa détresse. Le fait d'avoir ces deux points de vue nous permet de comprendre le désespoir que ressent Hannah, toujours plus croissant, et de se mettre à la place de Clay qui, bien que fréquentant le même lycée qu'elle, n'avait pas conscience du réel danger qui se profilait. Clay représente alors le personnage que n'importe qui pourrait incarner, que nous pourrions incarner.

L'auteur, avec une écriture somme toute simple, relate avec précision la dureté de la vie lycéenne et plus largement, de l'adolescence, ainsi que la question du harcèlement scolaire. C'est un âge où l'image, les rumeurs et le regard des autres ont un pouvoir tel qu'ils peuvent avoir des conséquences désastreuses, dramatiques, dont l'issue peut parfois se révéler fatale.
Ainsi, Jay Asher nous plonge dans un sentiment étrange. Personnellement, comme Clay, j'étais prise d'une frénésie d'enchaîner les histoires pour comprendre, comprendre comment Hannah Baker, cette jeune fille avec qui on se lie en tant que lecteur, en arrive à mettre fin à ses jours ? Mais plus les histoires défilaient, moins je supportais d'entendre ce qui était arrivé à Hannah. Dès lors, le malaise s'installe et l'auteur nous laisse à la fin du récit avec un sentiment de profond désarroi voire de culpabilité. Comme Clay, je ne voulais pas que les histoires s'arrêtent, je ne voulais pas laisser Hannah. J'espérais, je voulais tellement l'aider et lui faire savoir que non, elle n'était pas seule.

En conclusion, ce roman est d'une puissance telle qu'il nous touche au plus profond de notre être. C'est un ouvrage "coup de poing" qui moi, m'a frappée en plein cœur. Je le recommande vivement même s'il peut faire écho chez certains lecteurs ou lectrices ayant subi ce type de harcèlement car finalement, ce roman peut être une vraie prise de conscience pour certains mais il est surtout une grande leçon de vie.