(trop) cher torchon
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Avant toute chose, il est préférable de poser les bases : j’aime le cinéma français, plus que tout.
Mais à l’inverse d’Éric Neuhoff, j’aime le cinéma français actuel autant que celui des années 90, des années 80, des années 70, des années 60 etc.
J’ai entendu parler du pamphlet du critique du Figaro dans quelques émissions de radio et articles de différents journaux. C’est le fait de lui avoir décerné le prix Renaudot Essai qui m’a fait tiquer et donné envie de m’y intéresser. Car oui, j’ose encore croire en l’intérêt des prix décernés aux oeuvres.
Je connaissais la personne, de nom. Au fil des ans, Neuhoff a acquis une certaine notoriété dans le milieu de la critique cinématographique, côté lecteurs ou côté journalistes. Certains le placent dans la catégorie « vieux con », d’autres le trouvent tout à fait pertinent.
Lire (très) Cher cinéma français n’a pas été une chose facile. Non pas que le style, la prose du critique soit complexe à saisir ou à suivre (loin de là), mais bien parce que cet écrit et d’une gratuité sans nom, et que son argumentation n’est jamais étoffée. Un souhait, surement.
Neuhoff tape sur tout le monde : les critiques, les producteurs, les acteurs, les actrices, les journalistes amateurs, le public, en général. Chacun se fait tailler un costard neuhoffien.
Une des choses les plus frappantes est sans nul doute qu’avec son essai, Neuhoff libère ses pulsions. Son goût prononcé pour les actrices des années 60/70/80 donne l’impression de lire des descriptions de films pornographiques tant il s’avère obnubilé par les formes de celles-ci. Un exemple ? Le grand blond avec une chaussure noire et la célèbre robe portée par Mireille Darc. À le lire, on ne peut que l’imaginer sexe à la main, creusant dans ses plus profonds fantasmes. Alors que ce ne sont que des images d’une comédie de Yves Robert.
Bien évidemment, Eric Neuhoff ne manque pas de passer par la case misogynie et par la case machisme. Citer le nom de quelques actrices actuelles pour laisser sous-entendre qu’elles sont laides, on a déjà fait plus classe, non ?
Le grand problème d’Éric Neuhoff est d’être un éternel nostalgique qui refuse de tourner la page. Son regard est sans cesse posé dans le rétroviseur, avec cette quasi-impossibilité d’aller de l’avant. Il n’est pas seulement nostalgique d’un cinéma, il est nostalgique d’une époque, d’un temps définitivement révolu. Le Paris qu’il aime n’est en rien le Paris d’aujourd’hui, les bouseux de Province ont évolué, les moeurs ont changé. Oui, on respecte davantage, même si le chemin est encore long, les femmes du milieu cinématographique aujourd’hui.
(très) Cher cinéma français s’encroûte dans une vision parisiano-centrée aux reflets bourgeois qui, il faut se l’avouer, ne fait même pas rêver.
Mais qu’on ne s’y méprenne, quelques films et cinéastes actuels semblent être sauvés de sa parole divines, telles que certaines comédies de Nakache et Toledano, ou l’oeuvre de Desplechin, à qui il jette mille et une fleurs (chose tout à fait compréhensible).
En étant publié chez Albin Michel, et en ayant remporté un prix littéraire, Neuhoff semble avoir tout gagné. Mais la marque ultime de sa victoire sont les voix qui s’élèvent face à lui (dont la mienne avec cette critique). Donner du crédit à un pamphlet qui n’en mérite pas, mais qu’il est compliqué de ne pas vouloir égratigner une fois qu’on l’a lu.
Il semblerait que je sois tombé dans son piège.
Créée
le 26 nov. 2019
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