Triste Beauté
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le 26 sept. 2011
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Le parfum que respirait Oki était celui qui se dégageait
naturellement de la peau d’une femme qu’étreignait son amant.
Toutes les femmes exhalaient ce parfum, et même les toutes jeunes filles.
Il avait non seulement un effet stimulant sur un homme, mais
encore le rassurait et le comblait. Ne trahissait-il pas en quelque sorte le désir de la femme ? "
Envoûté par la beauté juvénile de Keiko, Oki s'enivrait de cette odeur intime, de ces seins blancs menus à souhait, de ce long cou gracile qui faisaient ressurgir dans son esprit, quelque 24 ans auparavant, l'image de celle qu'il avait aimée comme un fou, la jeune fille de seize ans immortalisée dans son roman, mais dont la perte réelle avait laissé l'homme, marié et père de famille, anéanti.
Que faisait-il maintenant, dans cet hôtel d'Enoshima, lui, l'écrivain reconnu, plus que cinquantenaire, couché comme autrefois près d'une fille en fleur?
Ironie du sort, Keiko était l'élève passionnée, éperdue d'admiration et d'amour pour cette même femme, Otoko, devenue à 40 ans un peintre de renom, et que, Oki, tout à ses remords et son indicible nostalgie, avait eu une envie irrépressible de revoir.
Mû par un seul désir : la rencontrer après toutes ces années, partager encore avec elle un moment privilégié en écoutant sonner les cloches du Nouvel An à Kyoto, mais elle n'était plus seule.
Etreignait-il en ce moment la fille de 17 ans, "diaboliquement belle" qui l'avait provoqué ensuite jusque chez lui, et le regardait maintenant sans ciller, ou bien le souvenir de son amour perdu qui ne laissait de le hanter?
Trait-d'union entre une maîtresse qu'elle adore et cet amant d'un soir qu'elle abhorre, Keiko, telle une fleur carnassière, brûle de venger la femme aimée, de détruire cette famille, de séduire et fouler aux pieds ces hommes faibles, père et fils, qu'elle méprise de toute la force de son jeune être jaloux et possessif, impétueux et torturé.
Violence des passions, désirs exacerbés qui couvent sous la braise, et que déchaîne la jeune beauté, personnage clé de l'histoire, dans ce quatuor fascinant où chacun des êtres est en souffrance et surtout en manque.
A l'instar d'Oki, convoquant son passé dans une chambre d'hôtel, Otoko, femme amoureuse et mère blessée, n'a de cesse de revivre en esprit son chemin de croix : la chair de sa chair, l'enfant mort à la naissance, qu'elle tente désespérément de ressusciter grâce à la peinture.
Et dans le foyer de l'écrivain, qui a fini par retrouver un fragile équilibre, l'épouse bafouée et son fils ne peuvent se résoudre à vivre du succès d'un livre célébrant le fruit défendu, celle par qui le malheur est arrivé.
Empruntant les voies tortueuses et ambiguës de la séduction et de l'érotisme, l'auteur, de sa plume poétique, se plaît à disséquer l'âme humaine, à en montrer les velléités et les contradictions, mettant à nu les désirs, les émotions et les sentiments, qui pour violents qu'ils soient, sont toujours exprimés avec pudeur et subtilité.
Keiko, la belle, la vénéneuse, en est le révélateur : femme fatale au visage d'ange, elle mènera sans faillir, dans une quête effrénée de vengeance, la danse funèbre de l'amour et de la mort.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Rien que pour leurs titres..., "Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d’une gazelle, qui paissent au milieu des lys.", Ecrire le tableau, de la couleur à la plume et "Je suis belle, ô mortels!"
Créée
le 24 sept. 2014
Modifiée
le 25 sept. 2014
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