Contrairement à d'autres Goncourt (Les Bienveillantes, l'Art français de la Guerre, etc.), ce roman ne vous apprendra rien du tout. Cependant, il faut reconnaître à l'auteur un style littéraire de qualité, qui vous ferait presque complexer à utiliser si peu de vocabulaire dans votre quotidien alors que vous avez la chance de connaître cette langue si belle est si fournie qu'est la langue de Molière quand on la maîtrise. Néanmoins, l'auteur part trop souvent dans d'interminables portraits ou autres descriptions dans lesquelles s'entrelacent d'interminables circonvolutions digressives, ternissant hélas le style et le rendant pour le moins amphigourique. Donc au niveau littéraire, on pourrait mettre 6 ou 7 tant la qualité de l'écriture est époustouflante, bien qu'elle soit donc souvent étouffante et inintelligible et qu'on y perd son latin, en l'occurence le fil du roman.
D'ailleurs, pour parler du roman, il faut savoir qu'on parle de 3 nouvelles, ce fut déjà la première surprise pour moi, pour ne pas dire déception. J'ai failli refermer le bouquin quand dans les premières pages, on est immédiatement pris en otage dans une description d'une richesse inégalée mais parfaitement imbuvable et soporifique. Passé ce moment désagréable, on découvre un roman qui mérite d'être lu. La première nouvelle finit en queue de poisson, pour ne pas dire qu'elle ne finit pas. Mais c'est tout en images, en métaphores, si bien que si fin il y a, c'est tant suggéré et sous-entendu que la plupart n'y comprendront rien. N'espérez pas lire ce livre sur la plage entourés d'enfants hurlants, il vous faudra toute votre disponibilité cérébrale, et même là, attendez vous à relire plusieurs fois la même page.
Enfin, les histoires me paraissent assez creuses et là dessus, je comprends ceux qui descendent à 2 ou 3, mais j'y vois comme un pretexte pour faire de la psychologie, domaine où là par contre on ne sera pas déçus, l'auteur nous amenant dans des interprétations et des propositions très dignes d'un Freud moderne, nous amenant à nous comparer régulièrement à ses personnages et nous permettent de nous évader dans des réflexions parfois intéressantes.

Aptiguy
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le 19 mars 2015

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