Roman en trois parties, retraçant des tranches de vie de femmes, luttant contre la morosité, la fatalité et la résignation. Thèmes généralement rassemblés sous deux problématiques: la domination masculine et les rapports France-Afrique.
Nora revient en Afrique après de nombreuses années, pour répondre à l'appel de son père, laissant un métier d'avocate en France et une famille recomposée derrière elle, pour replonger dans le passé et les souffrances de l'enfance. Enfant mal aimée, femme mal mariée, elle se heurte à l'abnégation d'un petit frère en prison, et au despotisme d'un père pourtant déchu de sa superbe de jadis.
Fanta a suivi son mari, en quête de jours meilleurs en France, où elle devient pourtant cette "femme étrangère", rivale d'une belle-mère dévorante, dans une banlieue grise.
Khady Demba, veuve d'un mari et de l'idée de maternité dont celui ci était la promesse, se lance dans les chemins perdus de l'immigration et de l'indépendance.

Félicité par un prix Goncourt, ce roman peine malgré tout à nous emporter. Son style simple et modeste offre une lecture certes agréable, mais qui ne réussit pas à tisser l'intensité qui fait d'un livre une oeuvre.
Ces trois femmes puissantes sont des figures contemporaines et sincères. Néanmoins on regrette qu'une fois encore, il semble que l'on ne nous dépeigne que des combats de femmes qui ne puissent être "puissantes" sans le "rapport à...", et échouent donc à se passer du lien de comparaison ou de rejet à autrui. Nous sommes loin d'une "volonté de puissance" de type nietzschéen, où l'individu s'affirme et s'assume comme créateur de ses propres normes et valeurs.
Ici les femmes se défendent, certes, mais toujours dans ce rapport de miroir vis-à-vis des hommes qui nuit à toute espèce de devenir personnel.
L'une, mal aimée de son père, cherche à venir en aide à son frère. L'autre, mal aimée de son mari, demeure comme une rose sous cloche, perdant peu à peu ses pétales. Seule la figure de Khady reste un peu plus indépendante et libre, mais ne le devient que suite à la perte de son époux.
Il semble que la femme, toujours insérée dans l'entrelacement des liens familiaux, ne soit toujours comprise que dans son positionnement en fonction de l'ordre des choses, dont elle est à jamais le maillon, mais jamais le moteur.
Si dire "non" est sa seule puissance, il semble pressant d' enfin dire "oui", non pas à l'ordre patriarcal et xénophobe du monde, mais à une réalité où les femmes cessent de vivre captive du regard des autres et s'affirment comme maîtresses de leurs propres normes. Et, pour conclure en paraphrasant Nietzsche, deviennent enfin ce qu'elles sont.
madamedub
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le 3 mars 2011

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