Ce roman vous fait découvrir l’homme dans ce qu’il a de plus inhumain, sa cruauté, sa bassesse, c’est ce que va expérimenter Joseph notre jeune narrateur dans un première partie qui se passe en prison. Il y a atterrit entraîné par son grand frère Tonio dans un braquage qui tourne mal, Tonio y perdra la vie et lui passe par la case prison. C’est sombre et rude de côtoyer la lie de l’humanité. Les détenus oui mais pas seulement, on se rend vite compte que les gardiens et la direction ne valent pas mieux. Plusieurs fois après avoir subit l’humiliation ou les coups le personnage nous dit « … je ne rhabille plus le même homme qu’une heure auparavant » et l’on comprend à quel point cette étape de sa vie peut être délétère. Le scénario que nous propose Sophie Dury est surprenant et nous permet de passer du rien au tout. La seconde partie s’appelle « La catastrophe » et en effet c’en est une pour la population qui disparaît, une explosion nucléaire qui ravage la moitié de la France et une partie de l’Europe ne laissant que des morts derrière alla. Pour Joseph c’est une bénédiction car il va pouvoir s’échapper et être le seul survivant. Cette liberté est enivrante et à la fois elle fait peur. Le roman prend une autre tournure plus poétique avec de très belles descriptions de la nature et de la survie de cet homme qui avait rêvé de solitude et qui finalement la subit. C’est sans compter l’arrivée d’un mouton puis d’une chatte pour lui tenir compagnie. J’ai pris énormément de plaisir à lire cette troisième partie nommée « Le solitaire », sa reconstruction en tant qu’humain mais aussi son implantation dans son nouveau cadre de vie, une sensation de liberté infinie et d’une solitude tellement prégnante qu’elle lui fera toucher du doigt les contours de la folie. La confrontation à la nature m’a rappelé certain passage de Sa majesté des mouches de William Golding ou encore Jules Vernes avec son « île mystérieuse ». Ce sont de très belles lignes intenses et profondes sur les bases fondamentales d’un être humain, le petit côté Robinson Crusoë est un thème porteur de tant d’espérance en l’avenir et à la fois Robinson avait Vendredi alors que Joseph est seul et se révèle couche après couche comme un être humain possédant une grande force intérieure et une pulsion de vie admirable. Un livre que je garde précieusement car il a su me toucher intensément. Bonne lecture.