Trois fois la fin du monde : un bon titre, assurément, pour avoir envie de se plonger dans le dernier roman de Sophie Divry. Et ce, même si on a l'impression d'avoir déjà tout lu en matière de récit post-apocalyptique de La route à Le mur invisible, pour ne citer que deux exemples marquants. Mais attention, la construction de Trois fois la fin du monde apporte un peu d'originalité avec une première partie où le héros, Joseph, voit tout d'abord son univers s'écrouler dans l'enfer de la prison. Ceci avant un deuxième segment, très court, consacré à la Catastrophe qui a supprimé bon nombre d'être humains de la carte des vivants. Troisième narration : celle de la solitude de Joseph, au milieu de la nature, avec un chat et un mouton pour seuls compagnons. Un intéressant édifice narratif censé atteindre son paroxysme dans sa deuxième moitié. Mais hélas, le quotidien de Joseph n'a vraiment rien de palpitant ou, plus exactement, Sophie Divry ne fait rien pour le rendre tel. N'est pas Robinson qui veut et déjà le garçon en question n'est pas spécialement sympathique et ses pensées, largement relayées puisque nous sommes presque constamment dans la tête du susdit, n'ont rien de franchement exceptionnelles, de l'euphorie à la déréliction. Quant à ses actes, banalement répétitifs et orientés vers la survie, ils ne passionnent guère non plus. Sophie Divry alterne première et troisième personne soit un style classique d'une part, non sans talent, et plus relâché d'autre part, très maladroit quand elle tente d'utiliser un vocabulaire de "djeuns", usant et abusant du verlan. Mouais. Bon, c'est quoi l'idée en définitive ? Montrer que vivre en société est un enfer et que retrouver l'essence du rapport oublié à la nature est nécessaire tout en considérant que vivre à l'écart des autres est insupportable à la longue ? D'un enfer, l'autre ? Peut-être, mais la parabole est un peu longuette malgré le talent de l'auteure, étouffé ici par une volonté démonstrative qui semble trop calculée à l'avance.