Troisième opus de la série des "Gorilles" dans la collection Série noire chez Gallimard.
Comme déjà dit dans d'autres chroniques, cette série est écrite par Dominique Ponchardier alias Antoine-Louis Dominique. Dominique Ponchardier fut un résistant de la première heure avec De Gaulle et fut investi dans diverses missions relevant du renseignement. La tonalité générale des romans des "Gorilles" s'inspire très certainement de sa propre expérience et évoque des histoires d'espionnage en France ou à l'étranger.
Il fut un auteur à succès jusque dans les années 60 où il passa à autre chose dont en particulier une carrière diplomatique en Amérique du Sud.
"Trois gorilles" met en scène l'énorme et inamovible espion français Geo Paquet qui retrouve un deuxième gorille américain, Ted-crochet dit "the hook". Cette fois pour lutter contre un autre gorille, lui, malfaisant, qui profite de la crédulité d'un savant dans le domaine nucléaire. Pacifiste et un tantinet naïf, ce dernier n'est pas conscient de la manipulation et devient le complice de gens très malveillants dont le dernier souci est le bien-être de l'humanité. Bien entendu.
Comme d'habitude, Geo Paquet est missionné par son chef avec qui il entretient des relations plus aigres que douces. Il en est de même de Ted qui entretient le même genre de relation avec son chef qui est, en plus, un sicilien (donc ombrageux). Evidemment les deux chefs sont alliés en façade mais se haïssent cordialement et n'hésitent pas à se balancer des vacheries par le biais de leurs deux espions … À l'inverse, les deux espions sur le terrain, eux s'entendent comme larrons en foire pour mener à bien leur mission de défense de leurs territoires. Évidemment.
Je n'en sais trop rien mais les relations franco-américaines détestables du roman me paraissent tout-à-fait conformes à l'ambiance des années d'après-guerre entre les chefs d'Etat américains et français où De Gaulle, entre autres, peinait à se faire entendre sur la scène internationale.
Aujourd'hui, ces débats paraissent un peu dérisoires et l'intérêt de ces romans en pâtit très certainement. Il faut donc, pour apprécier ces romans, se projeter dans ce passé où américains dénigraient la politique coloniale française pour mieux prendre leur place, pour mieux défendre l'Occident contre l'ennemi d'alors, le monde derrière le "rideau de fer". Exemple du Vietnam. Ou de l'Algérie pour laquelle français et américains rivalisèrent un temps pour mieux placer le pays dans le giron du bloc de l'Est.