Belle idée d'assemblage biofictionnel (Danton, Hugo, Churchill), un peu décevante à la lecture.
Publié fin août 2013 chez Belfond, ce cinquième "roman" de Hugo Boris part d'une fort belle idée, nettement alléchante, mais se révèle hélas quelque peu décevant, malgré de vraies qualités.
Le lien choisi pour assembler ces bribes de biographie romancée de Danton, de Hugo et de Churchill est fort et simple, peut-être trop fort et trop simple : partant de l'idée qu'ils ont tous trois "fait face à la mort" alors qu'ils étaient très jeunes, l'auteur extrait un fil conducteur (un rien évident, mais terriblement limitatif) de leurs vies respectives : leur "appétit" hors du commun, faim et soif de nourritures, d'alcools et de plaisirs, agissant à la manière d'une "face cachée" de leurs personnalités "larger than life", comme on dit chez les Anglo-Saxons.
Ce parti pris, peut-être nécessaire à la construction du roman, entraîne toutefois un cadrage trop serré du propos, une lecture trop univoque, ce qui, associé à quelques scènes imaginaires outrées et manquant de crédibilité (le monologue intérieur de Danton marchant à l'échafaud et la séance de spiritisme manipulée chez Victor Hugo en sont les deux pires exemples) et au manque de surprises dès que l'on connaît un tant soit peu les magnifiques biographies existantes sur ces personnages (biographies qui ne sont d'ailleurs pas citées, alors que leur utilisation est manifeste - ce qui n'est guère élégant), finit par engendrer la déception : un beau sujet, servi par un style alerte propre à éveiller l'intérêt, mais manquant d'épaisseur et de tenue sur la distance.
Il reste néanmoins quelques superbes anecdotes (si on ne les connaissait pas déjà) et quelques fort belles pages, tout particulièrement sur Churchill. Dispensable sans doute, mais absolument pas scandaleux, donc.