(sans parler du chien)
C'était la première, et une des rares fois, où je riais à gorge déployée en lisant. Le fil du roman, un voyage en bateau sur la Tamise, est constamment interrompu par les digressions...
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le 1 juil. 2010
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Ils sont rares, les livres qui m'attirent les regards inquiets de mes compagnons d'infortune lors de nos pérégrinations mutuelles dans ce petit creuset d'humanité que sont les transports en communs. La plupart du temps, ils me voient lire, sagement dans mon coin.
Face à un homme en train de lire vous avez deux réactions courantes: la première consiste en un éloignement poli, sans doute de peur d'attraper cette maladie qui semble être une variante étrange de l’autisme léger; l'autre consistant pour votre interlocuteur à trouver dans l'instant des tas de choses à vous raconter afin de vous libérer de ce qui ne peut-être qu'un moment très désagréable de votre vie pour que vous décidiez de passer à coté de la chance de converser avec eux.
Parfois lorsque, le nez plongé dans un bouquin, j'esquisse un sourire, voire même, un grommellement amusé, je sens dans tous les regards, lorsqu'il m'arrive de les croiser, comme une légère gêne pour la déficience mentale dont je ne peux manquer d'être affublé.
Imaginez donc la réaction que suscite chez eux l'inattendue crispation des mes muscles zygomatiques, de mon teint virant au rouge et de l'authentique éclat de rire qui s'échappe de ma gorge.
Certains pensent à une attaque violente dont je serais la cible infortunée, quand d'autres sont absolument assurés que je vais soit sortir une hache et me mettre à massacrer tout ce qui bouge, soit que je ne vais pas tarder à chanter du Charles Trenet nu en courant sur les banquettes.
Dieu merci comme je le disais plus haut, ce genre de livre est plutôt rare. Jusqu’à présent, il n'y avait guère que Douglas Adams, ou Terry Pratchett qui m'avaient mis dans cette position inconfortable, où je sens que le lynchage collectif par prévention est une solution envisageable pour mes braves compagnons de voyage.
Jerome K Jerome est donc à ajouter à la petite liste des auteurs qui peuvent représenter un danger lors vos voyages au sein des transports en commun, et je ne vous recommanderai pas sa lecture dans ces circonstances aventureuses.
Par contre, je recommande hautement la lecture de Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien) à partir du moment où vous trouvez un endroit dépourvu de vie pour savourer pleinement cette chouette petite virée au long de la Tamise.
Le livre raconte donc les vacances d'un trio d'amis, dont l'auteur, en bateau sur le fleuve bien connu.
Au départ, le livre se voulait une espèce de guide touristique des plus beaux endroits que sillonne le fleuve anglais. Même si les régulières explications historiques et bucoliques de l'auteur ne sont pas inintéressantes, ce sont les anecdotes drolatiques et les pensées singulières de l'auteur qui donnent tout son sel à ce livre.
Le livre débute par un passage très drôle sur les tendances hypocondriaques(très légères...) de l'auteur, et vous donne dans l'instant l'envie de continuer votre lecture.
Le livre est parsemé des réflexions de J. et des différentes anecdotes ayant parfois un rapport assez lointain avec ce qui nous occupe dans le roman.
Vous aurez droit par exemple à l'histoire d'un oncle qui met une journée pour accrocher un tableau, et qui met toute la maison à contribution, et dans le même temps, sans dessus dessous; à une description épique de la préparation d'oeufs brouillés en camping, et bien d'autres choses qu'il serait trop long d'énumérer ici, et qui vous gâcherait surement une partie du plaisir de la découverte.
Le livre n'a pratiquement pas subit les outrages du temps (heureusement les critiques de l'époque qui déclaraient son obsolescence en moins de 20 ans sont morts, et évitent ainsi l’embarras qui les auraient étreints d'avoir dit une aussi grosse ânerie) , et l'humour, les blagues, les anecdotes de l'auteur fonctionnent encore parfaitement.
Un vrai petit bonheur simple donc que de suivre J., Harry, Georges et le chien Montmorency dans leur voyage au fil de l'eau, même si c'est essentiellement les délires réjouissants de Jerome K Jerome qui permettent vraiment au lecteur de poursuivre, en attendant le prochain rire irrépressible qui surgira au beau milieu d'une page.
A lire, donc, mais seul! ou en compagnie de gens qui vous connaissent suffisamment pour ne pas s’inquiéter outre mesure lors de vos petites crises de rire à répétition.
Créée
le 10 sept. 2014
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