Encore meilleur que le premier opus, qui était déjà vraiment très bon. Mais là ça prend vraiment de l'ampleur, que ce soit en termes d'épaisseur des personnages ou d'avancement (et de rebondissements) de l'intrigue. Et puis, en enchainant, on s'est habitué à la foultitude des protagonistes - normal, une capitale du sud, ça grouille de monde - et la lecture en est facilitée : le lecteur retourne moins souvent à l'indispensable Dramatis Personae qui ouvre le bouquin.
En fait, je ne vais pas résumer l'histoire, ce n'est pas le propos d'une chronique. Je dirai donc simplement qu'elle a par moments des allures shakespeariennes, dans ce qu'elle aborde des destinées, des errements et des tourments de ses personnages. C'est tout plein de grands traits et de ressorts dramatiques universels : rédemption, sacrifice, trahison, amitié, amour bien sûr, duplicité, révolte, compassion, cruauté, veulerie. J'en passe et de meilleures. On en prend plein la gueule et une fois bien installé dans le bouquin, il devient très difficile de s'en extraire.
Le dénouement - car il y en a un, bien entendu, même s'il y aura une suite - est particulièrement torché d'autant qu'il parvient à n'être ni un happy end, ni une vraie fin triste. Il est bien entendu très émouvant et réussit même à entrer en résonance avec l'actualité et certaines des situations les plus sombres de notre époque et de notre pays. Ce que seul Bordage - dans ses meilleures oeuvres - arrivait à ma connaissance à faire, pour ce qui est de la fantasy française. Bien joué, Guillaume Chamanadjian.
Intense frustration pour moi : le troisième opus ne paraitra au mieux qu'au printemps 2023. Déja sonné par le report (au même horizon) du dernier tome des dieux sauvages de Davoust, je vais changer un peu mon registre de lectures pour mieux patienter.