C'était dans l'espoir de lire un tel tome que je me suis lancé dans l'exploration des Annales du Disque-monde. Tout y est, toutes mes attentes comblées ! Chaque pièce de la structure, empruntant aux contes et aux mythes, aux canons du merveilleux et de la fantasy tels que définis par les maîtres, est à sa juste place dans sa juste proportion.
Il y a trois bulles narratives bien distinctes : les sorcières, la troupe de théâtre et le château, reliées toutes les trois par le fou qui constitue le lien entre tous les personnages. Chaque développement dans ces différentes bulles est passionnant jusqu'à ce qu'elles se réunissent toutes en un bouquet final.
Trois sœurcières est aussi une ode au théâtre avec son créateur inspiré ; le nain Hwel. On en ressent tous les picotements de la véracité. L'indigence, la poussière mais aussi la lumière et la confraternité. Une fois le roman terminé, on ne peut s’empêcher d'avoir l'irrémédiable envie de se plonger dans un classique de Shakespeare.
Et puis il y a les sorcières : Mémé Ciredutemps, Nounou Ogg et Magrat. Les trois stars proposées par Pratchett. Trois individualités singulières dans leur profil et leur psychologie, toutes trois si attachantes qu'on ne retiendra qu'elles (avec Hwel), quand la mémoire aura fait son tri, que les émotions procurées auront marqué indélébilement ce que le temps ne saurait effacer.
Le fou, personnage central comme je l'ai déjà signalé, est très intéressant dans sa complexité. Pris en tenaille entre ses sentiments, son intelligence et sa loyauté envers un souverain auquel il doit une vassalité ancestrale.
Pour conclure, quand le génie de la parodie est à un tel niveau d'exigence, il crée son propre sérieux par sa démesure et impose le respect bien plus que la rigolade. Même si évidemment l'humour de Pratchett reste omniprésent et rend léger, aérien, et souple pour l'esprit le contenu de l'histoire. Les Trois sœurcières, leur réunion de commères et leur magie à grande échelle reste un bon morceau de littérature.
Samuel d'Halescourt