True Story
7.2
True Story

livre de Kate Reed Petty (2020)

Été 1999. Deux adolescents éméchés lance une rumeur. Alice Lovette en est l’objet. Que s’est-il passé ce soir là quand les deux garçons l’ont raccompagné chez elle ? Elle n’en a aucun souvenir. La rumeur se répand sans qu’elle puisse se défendre ou même connaitre la vérité. Devenue adulte, elle doit se construire avec ce vide. Son amie d’enfance Haley, devenue cinéaste, tente de l’aider à avancer, à surmonter les dégâts causés par la rumeur. Mais peut on continuer sans connaitre la vérité ? L’oubli est-il possible ?



Si tu ne contrôles pas ton histoire, c’est ton histoire qui te contrôlera.



Le roman alterne entre les différentes époques du récit et les differents points de vue des personnages. Des extraits des scénarios écrits par Haley ou des lettres d’Alice ponctuent la lecture. A travers tous ces matériaux et tous ces points de vue, la vérité se faire jour très progressivement. Comme Alice nous avançons dans le flou, conscient de ne connaitre qu’une partie de la réalité. L’auteur entretien le doute, lance des fausses pistes. L’intrigue est complexe, tortueuse, comme le sont finalement la vie et les relations humaines. Perdu entre réalité et fiction, entre les faits et les rumeurs, le lecteur est happé par ce récit immersif. Il apparaît très vite que rien n’est binaire.



D’accord, il avait fait des erreurs, mais dans le fond, c’était un mec bien. Le genre de mec qui recycle son verre.



Le roman interroge les conséquences d’une rumeur sur une vie de jeune adulte. Il décortique les mécanismes de sa propagation et pointe les effets sur les concernés. Alice, malgré les années, porte sa plaie à vif. Cet événement conditionne son état d’esprit, ses choix et ses relations amoureuses. Il est aussi question du passage à l’age adulte, ce moment de la vie où nos actes commencent à avoir des conséquences lourdes. Alors que la fin du lycée se profile et que la perspective des études supérieurs donne des ailes, la fête et l’alcool deviennent le quotidien de certains. L’autrice dresse un portrait sans compromis des années universitaires faites de pression de réussite, de codes tacites et de bandes bruyantes. Au fil du roman les personnages s’interrogent sur l’image qu’ils ont d’eux-même et sur celle qu’ils renvoient aux autres. A cause interprétations erronées, de lâchetés ou de maladresses les liens se distandes, le amitiés se défont.


La construction du roman est audacieuse mais ne relève pas de l’exercice de style. L’autrice maîtrise son roman d’un bout à l’autre et se plaît à jouer avec le lecteur. On sent chez elle une grande finesse narrative et stylistique. Elle multiplie les points de vue et les écritures pour nous offrir un livre complet.


Un premier roman abouti à ne pas manquer tant pour la forme que pour le fond.

Anaïs_Alexandre
9

Créée

le 26 déc. 2021

Critique lue 210 fois

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