Dans une interview à une revue suisse, Metin Arditi avouait qu'il il n’y a pas un livre qu'il n’ait écrit sans avoir eu de nombreuses discussions avec un psychiatre. "Son rôle est celui du miroir. Il m’aide à savoir si ce que je projette est juste et a du sens".  Pas si étonnant, finalement, tellement le romancier aime à sonder au plus profond l'intime de ses personnages dont le parcours de vie n'est jamais un long fleuve tranquille. C'est le cas de Tu seras mon père qui commence par le traumatisme d'un garçon de 7 ans dont le père, chef d'entreprise à Vérone à la fin des années 70, vient de se suicider après avoir été kidnappé par les Brigades rouges. Le livre progresse ensuite dans le temps avec le même personnage, désormais interne dans une très chic et cosmopolite école de Lausanne où il côtoie un professeur qui devient comme un père de substitution. Sauf que, évidemment, la vie va lui réserver de mauvaises surprises, lesquelles sont d'ailleurs un peu trop divulguées par la quatrième de couverture. Les lecteurs de Metin Arditi ne seront pas surpris par les thèmes abordés par l'auteur, qui lui sont pour la plupart habituels : l'enfance, la filiation, le déracinement et la consolation des arts (ici, le théâtre), entre autres. Au fil de très courts chapitres, le romancier déroule une mécanique bien huilée, qui laisse parfois une place un peu excessive aux hasards et coïncidences, tout en faisant preuve d'une bienveillance constante à l'égard de ses personnages, en leur permettant d'accéder à la résilience et au pardon, même tardif. Au-delà d'une intrigue bien menée, quoique semblant parfois trop mélodramatique, les passages concernant les Brigades rouges, leur philosophie et leurs dérives, sont parmi les plus intéressants qui soient, là où, comme souvent, Arditi excelle à encapsuler avec précision et sensibilité les turbulences d'une époque, en l'occurrence ici les années de plomb en Italie.

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le 3 mai 2022

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