Nicolas Fargues décrit un jeune père quadra, qui semble lui ressembler fort, d'un pré-adolescent, Clément, qui meurt brutalement, et sans préavis apparent, sous une rame de métro.
S'il lui reprochait ses manières et ses influences, malgré la timidité du jeunot, le drame l'envahit, l'immerge, le détruit. Tout le lui rappelle, les bons sentiments et belles attentions le gênent. Il erre, vivote, plane et ressasse, au point que, sur un conseil, il part, pour guérir de son mal, consulter, à Ouagadougou, au Burkina faso.


Ce livre paraît être né d'une frayeur. Dans le roman, le fils, à huit ans, demande au père ce qu'il ferait s'il mourrait.
Cette histoire m'a fortement rappelé La Chambre du fils, film de Nanni Moretti, très beau et très noir, au point de décrocher la Palme d'Or en 2001. J'avais hésité, vu l'obscurité du thème, à aller le voir, et j'ai été scotché à mon siège, tétanisé, comme vivant l'histoire en immersion. Comment peut-il faire beau ? Comment la vie peut-elle reprendre ? Comment capter des souvenirs et des explication ? Je l'ai vu trois fois. J'ai été saisi par le caractère solaire des décors, face au désarroi des parents, particulièrement du père interprété par le metteur en scène, comme encore davantage mis à nu par cette lumière, comme transformé en incandescence.


J'ai retrouvé cela dans ce livre. De surcroît, il part pour l'Afrique. Le réveil, le départ et la vie sur place, après les jours d'errance à Paris le drame, font écho à cette lumière désarmante, semblant rentre visible à toutes et tous ce dénuement intérieur.
Au passage, à l'attention des habitué-e-s des rencontres parisiennes de Critiques libres, la scène se passe souvent au métro Vavin, à quelques pas de Montparnasse, où nous nous retrouvons pour dîner.


Là où Nanni Moretti, comme à son habitude, avance dans son lyrisme noir, Nicolas Fargues évolue dans la candeur, recherche l'émoi pré-adolescent, comme pour mieux comprendre son fils, en sus de la nostalgie avouée de ses propres jeunes années, avec un regard introspectif lucide du narrateur, qui ne peut que faire penser à l'auteur, comme souvent dans ses romans, semble-t-il.
Noir et solaire, sombre et touchant, ce roman paraît juste, et simple.

Créée

le 20 sept. 2018

Critique lue 159 fois

Critique lue 159 fois

D'autres avis sur Tu verras

Tu verras
AlexandreAgnes
8

Critique de Tu verras par Alex

Le parcours d'un homme qui vient de perdre son fils de douze ans dans un terrible accident. J'ai été très ému par le traumatisme et le travail de deuil de ce personnage, en même temps que j'ai été...

Par

le 5 avr. 2016

2 j'aime

Tu verras
MarineFournel
8

J'ai apprécié les 3/4 du livre mais décéption sur la fin.

J'ai fortement apprécié ce livre, je l'ai lu sans en lire aucun résumé. Ce roman est triste. Je l'ai senti dès les premières pages, je m'attendais à ça. Donc là pas de surprise. Cependant, je trouve...

le 3 janv. 2013

2 j'aime

Tu verras
Sergent_Pepper
7

Critique de Tu verras par Sergent_Pepper

Bon début, assez terrible sur le point de vue d'un père un peu paumé sur la mort brutale et accidentelle de son fils de 11 ans. ça s'effiloche un peu sur la longueur.

le 23 juin 2013

1 j'aime

Du même critique

Conte d'été
AlexandreKatenidis
9

Un beau tiraillement amoureux

Gaspard, jeune homme ténébreux, arrive à Dinard, pour passer des vacances dans une maison prêtée par un ami, où doit le rejoindre Léna, sa petite amie. Il fait tout de suite la connaissance de...

le 18 juin 2018

7 j'aime

Vivre avec nos morts
AlexandreKatenidis
9

Comment vivre son deuil

Cette ministre du culte retrace son expérience dans l'accompagnement des familles en deuil. Pour cela, elle énonce les questions formulées de manière inéluctable dans ce cas, les blocages et les...

le 15 juil. 2021

6 j'aime

Alias Caracalla : Mémoires, 1940-1943
AlexandreKatenidis
9

Un monarchiste rentré en Résistance - Prix Renaudot 2009

Ce jeune monarchiste maurrassien, apprenti journaliste, est abattu par l'armistice signé par Pétain et rentre en Résistance. L'entrée en matière a de quoi faire frémir. Cet extrêmiste, porté par son...

le 20 sept. 2018

6 j'aime

2